Le Parlement a entériné la loi Santé jeudi. Et avec, l'expérimentation pendant six ans de salles de consommation à moindre risque, également appelées "salles de shoot". La première devrait voir le jour dans les semaines qui viennent, à Paris, dans le 10e arrondissement. Pour mettre en place ce dispositif, la France s’est inspirée du Luxembourg, où ce système est mis en place depuis dix ans.
>> Europe 1 s’est rendu dans cette ville où les "salles d’injection" ont largement fait leurs preuves.
Moins d’incidents dans les rues. Preuve que le centre s'est rendu indispensable, la mairie de Luxembourg a récemment insisté pour que la structure, qui était ouverte six jours sur sept, le soit tous les jours. Avant son ouverture permanente, la municipalité avait déploré des incidents quotidiens dans la rue.
"C’est complètement sain". Lundi midi, la salle de shoot ne désemplit pas, l’affluence est constante. Les toxicomanes patientent dans une pièce d'une froideur clinique, munis de leur propre drogue, mais équipés de seringues fournies sur place. Dans cette "salle de shoot", les consommateurs peuvent se piquer ou fumer, sous la surveillance du personnel. Mais sans leur intervention.
"Ici, on n’est pas exposé à l’extérieur avec tous les microbes et les bactéries. C’est complètement sain. S’il nous arrive quelque chose, on sait que du personnel compétent est là pour intervenir à tout moment. Si vous faites ça dehors, que vous faites une overdose, vous pouvez mourir", réagit Séverine qui vient ici tous les jours. Comme les autres patients, elle s’injecte depuis plusieurs années, et a tenté plusieurs fois des traitements contre la dépendance, sans succès.
Réduire le nombre d’overdose mortelle. En dix ans, pas une overdose mortelle n’a été recensée dans le centre. La présence de personnel qualifié (infirmières, médecins) permet de réduire la mortalité. Selon Patrick Klein, le responsable, l’objectif est d'accompagner la prise de stupéfiants. Mais aussi d’aider au sevrage si les patients en font la demande. "Il faut engager une réflexion. Demander : ‘pourquoi tu consommes plus que la semaine dernière ? Quel est ton objectif ? Tu veux arrêtez ?’ Nous sommes là pour eux, pour leur proposer une thérapie, leur prendre des rendez-vous. Ça c’est important. Nous ne prenons pas la décision de prendre ou d’arrêter la drogue. Mais nous donnons des alternatives", explique Patrick Klein.
C’est pour encourager le dialogue, qu'en dehors de la salle de consommation, l'espace est très convivial. Les toxicomanes peuvent manger un morceau, prendre une douche, ou encore voir un médecin. Autant de dispositifs qui permettent à ces patients souvent coupés du monde de nouer des liens avec des gens souvent coupés du monde.