Les salariés de l'usine Stellantis de Douvrin, dans le Pas-de-Calais, sont en colère. Certains d'entre eux vont répondre à l'appel de la CGT-Métallurgie à débrayer et à manifester ce jeudi au Mondial de l'Auto à Paris. La branche métallurgie de la CGT dénonce l'accélération de la casse sociale dans l'industrie automobile et les délocalisations, sur fond de transition vers le tout-électrique.
L'usine de Douvrin assemble les trois derniers moteurs thermiques et hybrides du groupe Stellantis. Les salariés voient dans les derniers propos du PDG Carlos Tavares, au journal Les Échos dimanche dernier sur les fermetures possibles de sites en France, la confirmation de la condamnation de leur usine qui emploie 700 personnes (500 CDI et 200 intérimaires).
Un site pratiquement condamné pour les salariés
Pour ces salariés, depuis plusieurs mois déjà, le déclin est inéluctable et le site pratiquement condamné. Au local CGT de l’entreprise, Éric, 40 ans d’ancienneté, montre à Europe 1 le détail des perspectives de production pour les prochaines années : 130.000 moteurs en prévision l’an prochain, 40.000 en 2026, alors que pour cette année 2024, 465.000 moteurs sont sortis des chaines.
Il ne se fait plus d’illusion. "Vu les productions qu’on nous annonce, vu la transition énergétique avec l’électrique, on sait très bien que M. Carlos Tavares a acté la fermeture du site de Douvrin" (ex-Française de Mécanique, NDLR), souffle-t-il.
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Des moteurs qui seront "fabriqués ailleurs"
Les moteurs thermiques ou hybrides sont-ils vraiment condamnés pour cause de transition vers l’électrique ? C'est faux, répond Régis Scheenaerts, délégué CGT. Selon lui, les moteurs "seront fabriqués ailleurs". "C’est un mensonge de faire croire que la transition énergétique est imposée par les politiques et que donc les moteurs (thermiques) vont disparaitre", assure-t-il.
Régis Scheenaerts expose : "Les moteurs que nous fabriquons seront transférés en Hongrie. En Lorraine, ils vont faire tourner les camarades à plein pot pour fabriquer le petit diesel. Cette transition vers l’électrique a bon dos, c’est un gros mensonge pour nous faire croire qu’on n’a pas le choix et qu’il faut prendre le train en marche."
Il reste malgré tout pour Éric, le sentiment de colère d’être sacrifié sur l’autel de la transition énergétique. "La fin du thermique en Europe est prévue pour 2035, donc, on estime qu’on devrait avoir encore du boulot jusqu’en 2035 !", appuie-t-il. Faute de quoi, disent ces salariés, Stellantis devra "payer pour compenser la casse des emplois".