Des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants du collectif Pou Lagwiyann Dékolé se déroulaient jeudi soir à Cayenne, au premier jour de la visite du président Emmanuel Macron sur place. Cinq personnes ont été interpellées, a indiqué dans la nuit le procureur Eric Vaillant. Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés, selon un premier bilan.
Affrontements place des Palmistes. Pendant plusieurs heures, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes destinés au départ à disperser un rassemblement devant la préfecture de Guyane. En réponse, des jeunes souvent cagoulés ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat, près de la célèbre place des Palmistes. Des poubelles ont notamment pris feu, a constaté une journaliste de l'AFP.
Face à face entre jeunes et forces de l'ordre dans les rues de #cayenne#guyane#MacronEnGuyanepic.twitter.com/gJDx4ScIGN
— Guyane 1ère (@guyane1ere) 27 octobre 2017
Un millier de personne rassemblé à Cayenne. L'après-midi, une marche à l'appel du collectif Pou Lagwiyann Dekolé (Pour que la Guyane décolle) avait rassemblé plus d'un millier de personnes, en chant et en famille, pour réclamer le respect des accords signés avec l'ancien gouvernement à l'issue du mouvement social de mars-avril.
Les Grands frères (émanation du mouvement des 500 frères très actif lors du mouvement) ont demandé jeudi aux commerçants de Cayenne et aux administrations de fermer leurs portes pour une opération ville morte durant la visite présidentielle. Une nouvelle manifestation est prévue vendredi matin.
Un rendez-vous exigé. Réclamant un rendez-vous avec le chef de l'État, les manifestants se sont ensuite rassemblés devant la préfecture où ils ont écarté une première série de barrières pour se rapprocher du bâtiment. L'Élysée a finalement proposé un rendez-vous vendredi matin mais les manifestants ont refusé, réclamant de voir Emmanuel Macron dans la soirée. Ce dernier avait une réunion de travail avec les élus de Guyane avant à un dîner républicain à la résidence préfectorale.
Un rassemblement qui a mal tourné. Les causes de l'escalade étaient encore difficiles à connaître jeudi soir. Des journalistes présents sur place au début du rassemblement parlaient d'un mouvement bon enfant et non-violent. Des manifestants ont évoqué des tirs de gaz lacrymogène "alors qu'il n'y avait pas de problème". "Maintenant on sait à qui on a à faire", a déclaré Davy Rimane, membre du collectif. Emmanuel Macron "n'a aucun respect pour nous", a-t-il déploré, assurant que désormais "tout" pouvait arriver.
Un président qui n'est pas venu "en Père Noël". Emmanuel Macron est arrivé à la mi-journée en Guyane, dans un climat déjà tendu. Il s'est rendu directement à Maripasoula, dans le sud-ouest guyanais, pour rencontrer la population de cette commune la plus vaste de France, très défavorisée, où il a averti qu'il n'était pas venu en "Père Noël", ni pour "faire des promesses". Il a longuement écouté les habitants, porteurs de grandes attentes pour le désenclavement de leur commune.