En quelques années, elles sont devenues un incontournable des garde-robes des Français. En France, plus d'une paire neuve vendue sur deux est une paire de Sneakers. Plus de 150 marques ont débarqué dans le pays ces cinq dernières années, et en seulement un an, les ventes de Sneakers ont progressé de 5,5 millions d'euros. Derrière ces chiffres impressionnants, se cachent des passionnés, qui font vivre la basket en France, et participent à leur popularité croissante. Plus modernes, plus confortables, mais aussi très à la mode, les baskets ont peu à peu remplacé les chaussures de ville. C'est toute une filière qui se développe autour de ces Sneakers... et qui se réinvente. Cette semaine dans La France bouge, Raphaëlle Duchemin recevait trois entrepreneurs passionnés, alors que se tient ce week-end le Sneakers Summit, à Paris.
"Génération basket"
Mathilde Blettery a co-fondé Ubac, une marque de baskets en laine recyclée, 100% made in France. Pourquoi la laine ? Mathilde Blettery explique que "cette matière recouvre beaucoup d'atouts". "La légèreté, le confort, le fait que ce soit antibactérien aussi. C'est une super matière pour la chaussure. Avec une méthode de tissage innovante, on est arrivé à en faire une chaussure innovante", explique la jeune femme, qui assure que le résultat est réussi, puisque ses chaussures peuvent se laver en machine, ne se déchirent pas, et sont résistantes.
Pour ce projet, qu'elle développe depuis 2015, Mathilde Blettery a travaillé avec un tisseur passionné dans le Tarn. Une fabrication 100% française "pour limiter notre impact CO2, mais aussi pour profiter des savoirs-faire français, de l'encourager, de le pérenniser", explique l'entrepreneuse. "Travailler avec des gens passionnés, c'est un plaisir", ajoute-t-elle.
Une "cote officielle" de la basket
Certains passionnés profitent également du boom de la Sneaker en France pour proposer de nouveaux services autour de cet écosystème. C'est le cas de Maxime El Arouni, qui a cofondé The Sole House. Il s'agit d'une plateforme d'achat et de revente de baskets d'occasions, destinés aux aficionados de la Sneaker. Il utilise le terme de "à-peine-porté". "C'est surtout pour des gens qui souhaitent porter leurs paires, faire quelques photos, et les revendre ensuite", explique le jeune entrepreneur, dont la plateforme compte environ 3.000 paires.
"On est positionnés sur des Sneakers très rares, et limitées. Des Nike ou des Addidas, mais aujourd'hui la stratégie des marques c'est de sortir des modèles limités, ou encore des collaborations. C'est là où les paires prennent de la valeur", explique Maxime El Arouni, qui est venu répondre à une demande en France. "Les Américains sont très matures par rapport à nous. On a remarqué que le marché commence à bondir en France, que les collaborations sont de plus en plus difficiles à obtenir, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire. Il y a des gens qui veulent acheter et vendre en toute sécurité, étant donné qu'il y a beaucoup de contrefaçon", assure le jeune homme.
Lors du lancement de la plateforme, Maxime El Arouni et son associé ont dû faire face à un problème relatif aux prix des Sneakers. "Il y a beaucoup de spéculation, une paire peut se revendre deux, cinq, dix fois son prix d'achat. Il a donc fallu trouver une solution pour faire face aux écarts de prix", explique-t-il. La solution : lancer une cote officielle de la Sneaker, qui permet d'estimer le prix de la chaussure, en tant réelle, grâce à un algorithme, qui permet d'acheter et de vendre au meilleur prix.
Rendre unique une paire de basket
Les Sneakers se fabriquent, donc, se vendent, neuves ou d'occasion... mais elle peuvent aussi se restaurer. Romain Louisy a cofondé "Sneakers and Chill", une entreprise qui propose de nettoyer, de restaurer, et même de customiser vos Sneakers chéries. Il a eu cette idée en sortant de boîte de nuit en 2017. Ses baskets fétiches étaient tachées, et il s'est rendu compte après de rapides recherches qu'il n'existait pas de pressing spécialisé en baskets. "C'est parti de là", se souvient l'entrepreneur. "On a appris à nettoyer, à réparer, puis à customiser les baskets", explique-t-il. Un de ses associés venant du milieu de la chaussure, il disposait de connaissances en entretien et fabrication de chaussures. "On a adapté ces connaissances à la basket. On s'est lancé dans une période d'apprentissage, dans l'idée de redonner vie à ces basket".
Romain Louisy partage le constat de Mathilde et Maxime : le marché est en plein développement, il y a une place pour de nouvelles initiatives. "On est parti du constat que tout le monde, homme ou femme, entre 15 et 45 ans, ont deux ou trois paires de basket, ayant une valeur affective ou financière", explique le jeune homme, dont la société propose aussi une partie customisation : apporter une petite toucher personnelle sur sa basket pour la rendre unique. "Il y a des modèles communs, tout le monde appartient à tel ou tel type de basket, et ensuite on va se différencier de ces bases communes en apportant un dessin ou des initiales par exemple. Les gens aiment d'avoir un élément de différenciation", témoigne le jeune homme, qui travaille avec une dizaine d'artistes pour proposer des créations originales.