Deux fois par an, la mécanique est connue de tous, petits et grands : il faut "retarder" ou "avancer sa montre d'une heure" fin octobre et fin mars (il faut l'avancer, dans la nuit de samedi à dimanche), en raison d'un changement d'heure en vigueur depuis 1976 en France, avant une harmonisation européenne en 1980. Pourtant, en 2018, les députés européens ont demandé à la Commission européenne de lancer une "évaluation" détaillée du système, avec pour objectif à terme d'en finir avec cette pratique. Mais quatre ans et l'adoption d'un projet de loi plus tard, la situation n'a pas bougé.
Discussions bloquées depuis 2019
Initialement, après l'adoption du projet de loi pour abolir le changement d'heure saisonnier en mars 2019, chaque pays avait jusqu'à avril 2020 pour décider quelle heure il souhaitait garder. Le projet de loi a pourtant été bloqué au niveau du Conseil de l'Union européenne, qui ne l'a pas adopté. La crise du coronavirus, qui a éclaté au printemps 2020, a relégué à plus tard cette question pourtant essentielle pour notre rythme biologique, l'agriculture et l'environnement.
Est-ce vraiment la faute de la pandémie actuelle si nos smartphones doivent toujours avancer ou reculer l'heure ? "La crise du Covid n’est pas en cause", affirme ainsi l'eurodéputée Karima Delli, à l'origine de cette proposition de la Commission européenne, dans les colonnes de Sud Ouest. La responsable EELV rappelle que la "raison majeure" de ce blocage réside dans le fait que "les discussions au niveau des États membres sont à l’arrêt depuis juin 2019 et un avis défavorable des services juridiques du Conseil de l’UE".
"Chacun avait son idée"
Il faut entre autres inciter les pays à harmoniser leur choix d'heure légale, afin d'éviter d'aboutir à un patchwork de fuseaux horaires entre voisins. "Plusieurs États d’Europe du Sud ne se montraient pas spécialement favorables à la fin du changement d’heure, à l’inverse de pays d’Europe du Nord. Chacun avait son idée", soupire l'eurodéputée auprès du quotidien.
En France, une consultation en ligne organisée en 2019 par la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale avait reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74%) en faveur de la fin du changement d'heure. Plus de 60% des personnes ayant participé assuraient avoir eu "une expérience négative ou très négative". Quant à l'heure à laquelle rester toute l'année, c'est celle d'été (en France UTC +2) qui a eu la préférence de 59% des participants. Mais pour l'heure, statu quo...