Plusieurs centaines de policiers ont encore manifesté dans la nuit de mercredi à jeudi contre leurs conditions de travail. Le gouvernement a beau insister sur les milliers de postes qui sont créés dans la police et la gendarmerie, sur le terrain, les policiers ne voient pas la différence. Pourquoi y a-t-il un tel décalage ?
Former un policier prend du temps. Bien que le gouvernement ait lancé une large campagne de recrutement, les jeunes recrues ne peuvent pas être sur le terrain avant environ un an, le temps de formation d'un gardien de la paix. D'autant plus qu'au début du quinquennat de François Hollande, les effectifs ont continué de baisser mécaniquement puisque son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, avait quasiment stoppé les recrutements. Donc il a fallu relancer les formations, rouvrir des écoles de police.
Une question de priorités. D'autre part étant donné le contexte post-attentats, les renforts sont allés en priorité aux secteurs du renseignement, de l'antiterrorisme, de police aux frontières ou encore des forces mobiles. Voilà pourquoi les policiers de la sécurité publique, ceux qui patrouillent dans toute la France et forment le plus gros contingent, ne voient arriver ces nouvelles recrues qu'au compte-goutte.
Pourtant il y aura bien 4.600 nouveaux policiers formés en 2016 et encore 4.600 l'année suivante, soit dix fois plus qu'il y a cinq ans. Au final, il devrait y avoir les 9.000 créations de postes en police et en gendarmerie, comme promis. Mais comme le gouvernement ne peut pas faire plus, Bernard Cazeneuve veut optimiser la répartition de ses effectifs là où il y en a le plus besoin.