"Lève-toi ! Lève-toi !" Un policier assène un violent coup de poing sur le visage d'un élève du lycée parisien Bergson, qui bascule et chute. Des réseaux sociaux au ministre de l'Intérieur, la scène a choqué. Le gardien de la paix comparaît jeudi devant le tribunal correctionnel. Âgé de 26 ans, le fonctionnaire est poursuivi pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique.
L'une des affaires emblématiques des violences reprochées aux policiers. En pleine vague de manifestations contre la loi Travail, cet incident, survenu le 24 mars près du lycée Bergson (dans le 19e arrondissement de Paris), était devenu l'une des affaires emblématiques des violences reprochées aux forces de l'ordre pendant la mobilisation. Selon l'avocat de l'adolescent de 15 ans, Me Arié Alimi, les poursuites pour violences policières sont "assez rares". De plus, "ce sont des enfants", "comment expliquer cette dérive ?", s'interroge l'avocat.
Son client a eu le nez cassé, indique l'avocat. Quelques jours après les faits, le policier avait été placé en garde à vue à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, la "police des polices"), avant de ressortir avec une convocation devant le tribunal.
Une vidéo décisive. Pour l'avocat de la victime, sans la vidéo de la scène, ce dossier ne serait pas arrivé si rapidement devant un tribunal, voire n'y serait pas arrivé du tout. Les images montrent le lycéen à terre, entouré de policiers qui le somment de se lever, avant de lui prendre les bras pour le remettre debout. C'est alors qu'un policier casqué lui porte un violent coup de poing au visage, qui fait basculer et tomber l'adolescent, tandis que l'on entend les exclamations de jeunes assistant à la scène. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'était dit "choqué" par la scène.
Un usage de la force "disproportionné". Face à l'IGPN, le policier a reconnu "avoir usé à tort d'une force disproportionnée", selon le quotidien Libération. Son avocat n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience. La préfecture de police de Paris avait précisé que des lycéens avaient jeté des projectiles sur des véhicules de police et provoqué des violences. Le lendemain des faits, des jeunes s'en étaient pris à deux commissariats parisiens, dans les 10e et 19e arrondissements, lançant notamment des projectiles sur les façades et tentant de briser les vitres blindées des locaux de police.
Pas de procès unique pour les deux policiers accusés de violences. Si Me Alimi souhaitait un procès unique pour les deux policiers accusés de violences illégitimes ce jour-là, la justice en a décidé autrement. Mi-octobre, le tribunal a refusé de joindre à ce dossier celui d'un deuxième policier poursuivi pour violences sur un autre élève, le même jour au même endroit. Mais afin de déterminer s'il existe d'autres victimes et d'entendre un témoin, le tribunal a ordonné un supplément d'information et a renvoyé ce procès au 16 juin 2017. Des vidéos montrent un policier en civil, visage dissimulé par un foulard et une capuche, donner des coups de matraque à des élèves.
Le débat sur les violences, qu'elles soient le fait de manifestants ou de policiers, a rythmé la mobilisation du printemps contre la loi Travail. Un collectif a adressé au Défenseur des droits 68 réclamations, dénonçant des coups de matraque et des jets de gaz lacrymogènes gratuits, ainsi que des insultes, à Paris comme dans le reste de la France. Selon le ministère de l'Intérieur, quelque 600 membres des forces de l'ordre ont de leur côté été blessés en marge des manifestations.