Les manifestations nocturnes de policiers se poursuivent dans plusieurs villes de France et certains syndicats appellent même à amplifier le mouvement en manifestant devant les palais de justice tous les mardis entre 13 heures et 13h30. Pour Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de police Synergie officiers, interrogé sur Europe 1, la situation semble inextricable tant les revendications des forces de l'ordre ne semblent pas être entendues.
Des promesses qui ne rassurent pas. Afin d'apaiser les tensions, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a envoyé une lettre aux syndicats dans laquelle on peut lire "Vous demandez des moyens, nous vous les donnons. Vous demandez du soutien, il vous est acquis". "Cette lettre est avant tout destinée aux policiers de l'Essonne qui est le point de départ de tout ça", explique le syndicaliste. "Mais en tout état de cause, ça ne suffira pas. Cazeneuve et le garde des Sceaux [Jean-Jacques Urvoas] que nous avons rencontré avant-hier [mercredi] le savent."
Des modifications profondes de leurs droits. "Nous porterons notre message jusqu'au président de la République. Aujourd'hui, il s'agit d'une urgence nationale et c'est le plus haut personnage de l'État qui doit prendre une décision", insiste Patrice Ribeiro.
Après avoir dénoncé leurs conditions de travail, les policiers se tournent désormais vers la justice pour réclamer des modifications profondes. Ils demandent "des modifications législatives sur la légitime défense, les règles d'engagement des armes et sur le rétablissement de peines plancher pour les agresseurs de policiers et des services de secours". "Compte-tenu de l'urgence et de la gravité de la situation, il est impératif pour nous de satisfaire les revendications de nos collègues sur tous les plans", souligne le responsable syndical. "Sur le plan du matériel, du renfort en hommes, c'est le domaine du ministre de l'Intérieur, nous avons commencé à avoir des réponses et sur le plan législatif et sur le plan de la réponse pénale, c'est là qu'est le noeud."
"Nous avons en face de nous des gens 'ensauvagés'". "Le problème majeur, c'est que vous avons en face de nous des gens qui se sont 'ensauvagés', qui bénéficient d'un sentiment total d'impunité et que nous retrouvons systématiquement. Ils sont de plus en plus violents, terrorisent des quartiers, qu'ils mettent en coupe réglée avec des gens ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Et ces gens-là, souvent parce qu'ils sont mineurs, bénéficient d'une très grande mansuétude de la justice. Ça ne peut pas durer." Patrice Ribeiro exprime là le mal-être général des policiers de terrain. "Aujourd'hui, le président peut prendre deux ordonnances : une sur la modification des règles de légitime défense pour les policiers comme celle des gendarmes qui est plus souple, et il peut rétablir les peines planchers pour les agresseurs de policiers. Ce n'est pas compliqué et c'est ce que nous demandons."
La menace d'un embrasement. "Il y a urgence, on est au bord de l'embrasement et tout le monde le sait, le ministre de l'Intérieur l'a répété ; la société civile est extrêmement fragmentée. Aujourd'hui, il y a des quartiers qui sont en sécession complète, les policiers sont le dernier rempart avant que ces gens-là ne déferlent partout ailleurs. Et si on n'entend pas les policiers aujourd'hui, il n'est pas dit que les forces de sécurité suffisent pour endiguer l'explosion qui arrivera dans quelques semaines ou quelques mois", conclut Patrice Ribeiro.