Au moins 38.000 personnes ont manifesté samedi dans le Sud-Est de la France contre l'obligation vaccinale, la généralisation du pass sanitaire et l'action du gouvernement dans des cortèges hétéroclites réunissant également des gilets jaunes et des antivaccins. Dans toute la France, 204.090 manifestants ont été comptabilisés par le ministère de l'Intérieur, dont 14.250 à Paris. Samedi dernier, les manifestations avaient réunies au total 161.000 personnes dont 11.000 à Paris. A Montpellier, la manifestation a réuni 10.000 personnes, selon le dernier bilan de la préfecture, soit près du double de la semaine dernière (5.500).
Des revendications et un public variés
Pour le Sud-Est, le record a été atteint dans le Var où le rassemblement à Toulon a drainé 13.000 personnes, selon la préfecture. A Nice, la mobilisation, qui a rassemblé 6.500 personnes selon la police, était également un peu plus fournie que la semaine précédente où 6.000 protestataires avaient défilé. A Paris, les quatre manifestations prévues ont défilé plusieurs heures dans une ambiance plutôt calme.
Dans le cortège parisien où s'est rendu Europe 1, les manifestants ont marché tranquillement en scandant des slogans contre le gouvernement. On y trouvait des familles, des jeunes et des personnes âgées. Et les revendications étaient à l'image du public, variées.
"Pourquoi nous obliger à le faire ?"
Certains sont contre le vaccin, tandis que d'autres ont des arguments complotistes. Léa, elle, est venue pour dénoncer le pass sanitaire. Elle voit dans son extension une obligation vaccinale déguisée. "Le vaccin n'était pas censé être obligatoire et on fait tout pour le rendre obligatoire en nous disant 'si vous ne vous faites pas vacciner, vous n'allez pas au resto' et 'si vous ne vous faites pas vacciner, vous ne pouvez pas aller au ciné'", dénonce-t-elle. "Quand on se fait vacciner, il n'y a pas de complications. C'est plus une question de principe et de chantage. Pourquoi nous obliger à le faire en fait ? Qu'est-ce que ça pourrait changer pour eux ?"
Après leur marche, certains manifestants se sont arrêtés devant le ministère de la Santé, où des figures du mouvement contre le pass sanitaire, comme le leader du parti Les Patriotes, Florian Philippot, ont pris la parole. Dans la foule, beaucoup avaient déjà manifesté les semaines précédentes et envisagent désormais de continuer le mouvement. C'est le cas de Mathilde : "Je suis convaincu qu'on y arrivera, mais il ne faut pas rester chez soi, il ne faut rester devant son canapé. Il faut se bouger et se bouger plus que jamais." Elle promet de revenir "encore d'autres samedis". "Tant que je le pourrai, tant que mon corps le permettra, je me bougerai."
Evacuation tendue de la place de la Bastille
Le message a été entendu par les organisateurs : à la fin du rassemblement, sous les applaudissements de la foule, ils ont appelé à se retrouver la semaine prochaine. En fin de journée, sur la place de la Bastille à Paris, la situation s'est tendue quelque peu. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau face aux jets de projectiles des derniers manifestants. La préfecture de police a fait état de trois blessés parmi les forces de l'ordre. Selon un premier bilan communiqué par le ministère de Intérieur, "19 interpellations ont eu lieu, dont 10 à Paris".