Dix jours après le début des manifestations spontanées des policiers, lancées hors de tout cadre syndical après l'agression de quatre policiers à Viry-Châtillon, François Hollande reçoit mercredi après-midi les syndicats des fonctionnaires de police. Alors que le mouvement de colère est jugé "justifié" par neuf Français sur dix, il reste difficile de synthétiser les motifs de cette grogne, dont les raisons sont nombreuses.
Des consignes qui circulent par SMS. Les manifestations ont parfois lieu à l'appel des syndicats, mais elles sont aussi parfois spontanées. En dehors de toute consignes syndicale, des policiers se sont réunis ces derniers soirs, recevant des consignes par SMS. De portables en portables, les fonctionnaires se relaient l'appel à venir exprimer leur ras-le-bol en leur nom propre. Car certains reprochent justement aux syndicats de faire de la récupération. Mardi, l'appel d'une intersyndicale de policiers à se rassembler devant les palais de justice a peu mobilisé : seulement 150 policiers se sont ainsi réunies à Paris.
De nombreuses revendications. Pour apaiser les tensions, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait envoyé une lettre aux syndicats indiquant vouloir "donner les moyens" aux fonctionnaires de police. Mais à l'intérieur même de ces rassemblements, les priorités et les moyens demandés, justement, sont différents. A la demande du ministre, des réunions de concertation sont organisées dans les départements pour recueillir les revendications des policiers à l'échelle locale.
Certains, faisant directement allusion à l'agression de Viry-Châtillon, mettent en avant la réforme de la légitime défense, pour pouvoir faire usage de leur arme en cas de danger imminent. D'autres insistent sur la réponse judiciaire donnée aux agresseurs de policiers et mettent en cause le supposé laxisme des juges en réclamant le rétablissement des peines planchers. D'autres enfin, parlent simplement de considération de la part de leur hiérarchie et de leur besoin d'être écoutés.