À l’approche de l’été, la question du manque de saisonniers ressurgit. Le gouvernement a présenté mardi son plan de bataille pour lutter contre cette pénurie de main d’œuvre en trois grands axes : accompagnement, logement et formation. Il n’y a pas que le secteur de l’hôtellerie-restauration qui rencontre ce problème, les agriculteurs, eux aussi, sont à la peine. En pleine saison des récoltes, certains doivent même abandonner une partie de leur production, faute de bras pour la récolter.
"J’en suis malade"
C’est le cœur lourd que Pierre Maurer, producteur de légumes à Dorlisheim dans le Bas-Rhin, accepte de nous emmener dans l’une de ses parcelles asséchées, laissées à l’abandon. "Là, on est sur un champ d’asperges qui a été éliminé trois semaines trop tôt parce qu’on n’a pas assez de main d’œuvre pour les ramasser", soupire-t-il en montrant les longues tiges blanches, hautes de 30 centimètres. "Je ne peux pas rester là, parce que j’en suis malade", lâche-t-il.
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Cette année, faute de suffisamment de saisonniers, il est obligé de laisser presque un tiers de sa production d’asperges pourrir sur place.
"La pression est plus forte chaque année"
Ce manque de main d’œuvre, Légumes de France le constate partout sur le territoire. "Depuis deux ou trois ans, la pression est plus forte chaque année", explique Céline Vila, présidente de la commission emploi au sein du syndicat de la profession. Elle estime qu’il manque "au moins 15.000 saisonniers" rien que pour les récoltes de légumes en France.
"Cette pénurie de main d’œuvre, elle est très simple", pour Pierre Maurer : "On est à 3% de chômage seulement dans le secteur et donc on ne trouve plus [de saisonniers] localement", poursuit-il. Les travailleurs qui continuent de venir sont pour la plupart des étrangers, "mais il faut les loger", explique-t-il. Enfin, il y a aussi un problème de "motivation" selon le producteur : "Ce sont de bons salaires, mais il faut être là tous les jours et des gens qui veulent travailler le samedi, localement, vous n'en trouvez plus", regrette-t-il. Actuellement, s’il le pouvait, il embaucherait sans hésiter "une quarantaine de nouveaux saisonniers".
Quelles solutions ?
Pour tenter de limiter les dégâts, Pierre Maurer autorise la cueillette en libre-service dans ses champs, mais cela est loin d’être suffisant pour écouler toute sa production.
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Céline Vila, de Légumes de France, estime qu’il faut davantage "professionnaliser le recrutement", chercher aussi via les réseaux sociaux. "Le bouche-à-oreille pour trouver des saisonniers, qui fonctionnait bien il y a encore quelques années, c’est terminé", résume-t-elle. Autre solution qu’elle avance : développer plus de contrats pour les saisonniers hors de l’Union européenne, ceux qui viennent notamment du Maghreb.