"J’ai rien contre eux, sauf qu’ils sont un peu pervers". Eux, ce sont les homosexuels. Et celui qui prononce cette phrase, c'est Marcel Campion, le célèbre forain. Des propos homophobes qu'il a tenus en pleine réunion publique alors qu'il était filmé. Samedi, le JDD a exhumé cette vidéo qui date du 27 janvier dernier, à Saint-Ouen.
Marcel Campion, en guerre ouverte contre la maire de Paris, Anne Hidalgo, lançait à cette occasion son mouvement "Paris libéré". Objectif : présenter des têtes de liste dans tous les arrondissements aux municipales et défendre les forains que l'Hôtel de Ville menacerait selon lui de chasser de la capitale.
"Ce truc pour les pervers". Et pour convaincre son auditoire ce 27 janvier, "le roi des forains" n'a pas hésité à s'en prendre directement à ses opposants. Il a notamment remis en cause l'origine de certains élus, qualifiés de "bons à rien" : "Est ce que c’étaient des Parisiens? Moi, je ne sais pas, j’ai connu Delanoë, il était Tunisien. Là, on a Anne Hidalgo, elle est Madrilène".
Marcel Camion poursuit en s'attaquant l’œuvre de Paul McCarthy exposée place Vendôme pendant la Fiac de 2014, la comparant à un plug anal. "Vous savez, le truc qu’ils se mettent dans le fion, pour les pervers là. À Noël, c’est bien pour les enfants", a-t-il ironisé. Avant de passer à un autre sujet : les élus écologistes : ces "vers de terre" et cette "merde qu'on "peut écraser".
"Je n'ai rien contre les homos". Bruno Julliard, désormais ex-premier adjoint de Paris et homosexuel a, lui aussi, subi les foudres du forain. "Lui c’est le plus beau. C’est lui qui commande toute la ville. Il arrive des syndicats des étudiants (l’Unef)", a-t-il commencé avant de déraper complètement : "Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré Delanoë, ils ont fait leur folie ensemble et paf, il est premier adjoint. Et avec Anne Hidalgo, il est super parce qu’en même temps il lui a amené tous les homos de la terre. C’est à dire que toute la ville maintenant est gouvernée par des homos."
Dans un tweet, Bruno Julliard a annoncé que ces "propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice".
Certaines injures, par celui qui les prononce, deviennent des décorations... Mais l’homophobie doit être combattue sans relâche, parce qu’elle opprime, stigmatise et tue chaque jour. Ces propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice.
— Bruno Julliard (@BrunoJulliard) 23 septembre 2018
Plusieurs responsables politiques ont quand à eux condamné les propos de Marcel Campion. "Ils ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout !", a écrit le nouveau patron des députés LREM Gilles Le Gendre sur Twitter.
Au nom du Groupe parlementaire @LaREM_AN , je condamne sans réserve les propos homophobes de #MarcelCampion. Ils ne méritent aucune indulgence ni aucune explication qui pourrait conduire à en relativiser l'intention. Ils sont scandaleux, un point c'est tout !
— Gilles Le Gendre (@GillesLeGendre) 23 septembre 2018
De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit "atterré".
Atterré par les propos de Marcel Campion. Et très troublé par les justifications de #LREM#StopHomophobiehttps://t.co/N2x0bBuGFa
— Olivier Faure (@faureolivier) 23 septembre 2018
Des propos qui n'ont pas empêché Marcel Campion de se défendre de toute homophobie : "Si le mot 'pédé' que j'ai dit une fois ou deux a pu déranger certaines personnes je m'en excuse, je suis d'une génération où on disait ces mots-là mais je ne suis pas homophobe", a-t-il assuré. Il a évoqué "des propos un peu sortis de leur contexte dans un mouvement de colère" après avoir "été éliminé du marché de Noël et de la grande roue par Bruno Julliard". "Le mot pervers je ne l'ai pas utilisé pour les pédés. J'ai dit que c'étaient des pervers parce qu'ils se servaient de leur statut d'élus pour essayer de faire des affaires", a-t-il ajouté, précisant que la réunion avait eu lieu "chez moi, dans mon petit café devant une quinzaine de personnes".