Des faux billets de 50 euros fraîchement imprimés pour un montant de 892.000 euros, un stock de papier pouvant servir à fabriquer huit millions d'euros... Cinq prévenus sont jugés à partir de lundi à Marseille, soupçonnés d'avoir fait fonctionner une officine de fausse monnaie.
Des contrefaçons de grande qualité. En décembre 2014, les gendarmes découvrent dans un appartement du 14ème arrondissement de Marseille un atelier de production de fausses coupures avec six ordinateurs et six imprimantes. Des planches de pastilles holographiques, des encres sophistiquées, fluorescentes et à variation optique, ainsi que 2.000 feuilles d'un papier importé de Chine, présentant les principales caractéristiques du papier monnaie authentique, ont alors été saisis.
Selon les experts, la quantité de papier permettait d'imprimer environ pour huit millions de faux euros. La grande qualité de la contrefaçon a surpris les spécialistes car elle ne pouvait être décelée que par un expert de la Banque de France. "C’est du matériel qui ressemble étonnamment au papier fiduciaire de la banque de France, qui comporte tous les éléments de sécurité que ce soit la pastille holographique, les fils métalliques où les fibres sécurisé", s’étonnait à l'époque Brice Robin, alors procureur de Marseille.
Des machines destinées à l'impression de flyers... Ali Beldjouheur, 44 ans, un informaticien déjà condamné pour contrefaçon de cartes bancaires et qui avait hébergé le matériel dans un premier temps à son domicile, ainsi que Hakim Mlili, 47 ans, condamné dans une affaire de trafic de drogue, ont été interpellés après quelques mois de surveillance le 16 décembre 2014.
Pour justifier les très nombreuses traces ADN laissées sur le matériel informatique, Ali Beldjouheur a expliqué être intervenu comme technicien pour paramétrer les différentes machines destinées, selon lui, à l'impression de flyers. Les deux hommes ont toujours contesté être des faux monnayeurs.
Un réseau corse. L'enquête conduite par la Juridiction Interrégionale spécialisée de Marseille a également mené vers deux Corses, en contact régulier avec les faussaires présumés. "Financier ? Chargé de l'écoulement ? Mon client ne sait pas quel rôle veut lui prêter l'accusation alors qu'il n'en a joué aucun", affirme Me Julien Pinelli, défenseur de Guy Perfetti, 50 ans.
L'ADN de ce gérant de cabaret bastiais a été retrouvé sur le tiroir d'une imprimante de l'atelier. Dans ses déplacements à Marseille, il était accompagné de Jules André Albertini, neveu d'Ange-Toussaint Federici que les policiers placent à la tête d'une bande criminelle corse.
Un cinquième suspect jugé par défaut. Objet d'un mandat d'arrêt, un cinquième prévenu, qui avait reconnu par courriel adressé aux enquêteurs être intervenu comme "personnel détaché qui devait ajuster la correspondance des couleurs", doit être jugé par défaut.