La ville de Marseille avait débloqué 2 millions d'euros en 2014 pour lutter contre l'habitat indigne, mais en quatre ans 15% seulement de cette enveloppe ont été dépensés, selon la cellule investigation de Radio France, venue enquêter après le drame de la rue d'Aubagne.
Une enveloppe de 2 millions d'euros. En 2014, la ville avait voté un budget de 2,09 millions d'euros sur quatre ans, "pour se faire conseiller sur les travaux à engager" dans le cadre des "travaux d'office" qu'une ville peut décider "quand un propriétaire privé est défaillant", affirme la journaliste de la cellule venue enquêter dans la cité phocéenne : "Quatre ans après, la ville n'avait quasiment pas utilisé cette enveloppe".
Beaucoup plus d'arrêtés de péril depuis le drame. Ce laisser-aller de l'époque contraste avec "la frénésie" qui s'est emparée de la municipalité depuis le drame de la rue d'Aubagne et la mort de huit personnes dans l'effondrement de deux immeubles insalubres du quartier de Noailles, au cœur de Marseille, le 5 novembre, affirme la cellule d'investigation de Radio France, en rappelant les 147 arrêtés de périls pris par la ville depuis cette date, "soit autant que les quatre années précédentes".
La Ville se défend. Contactée par l'AFP, la Ville de Marseille a reconnu qu'un tel budget avait été voté en 2014, "pour l'assistance juridique, technique et administrative" dans le cadre de travaux à engager, via des "marchés à bons de commande", et que seulement 350.000 euros environ ont finalement été engagés. Selon la municipalité, la sous-utilisation de ce budget viendrait d'une part du faible nombre de signalements d'immeubles insalubres à l'époque, ou parce que les travaux avaient finalement été faits par les propriétaires privés eux-mêmes.
"Mais toutes les procédures engagées par la mairie ont abouti à la réalisation des travaux, que ce soit par les propriétaires ou non", a insisté la ville, via son service communication. Quant au nombre élevé de signalements d'immeubles insalubres ou dangereux depuis le 5 novembre, cela serait dû au numéro de téléphone vert mis en place par la mairie, et au principe de précaution, selon la ville. Depuis le drame de la rue d'Aubagne, 230 immeubles insalubres ou dangereux ont été évacués à travers la ville, soit 1.973 personnes contraintes de quitter leurs domiciles.