Maxime a aujourd'hui 36 ans et pèse 27 kilos de moins qu'il y a un an, lorsqu'elle a décidé de perdre du poids pour que ses enfants ne soient pas moqués pour le poids de leur mère dans la cour d'école. Un choix difficile, qui lui a imposé des privations et qui a remis en question son rapport au corps, perturbé depuis l'adolescence et les premiers régimes conseillés par le corps médical. C'est ce qu'elle raconte au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix, vendredi.
"C'était un médecin, le pédiatre qui me suivait à l'époque, qui m'a conseillé de faire un régime. Quand on vous dit que votre enfant est hors normes, vous réagissez et j'ai donc été voir un diététicien. J'ai donc commencé mon premier régime à l'âge de 12 ans.
Quand vous êtes au début de l'adolescence et que le corps est en train de se former, ç'a forcément une incidence négative. Le vécu que j'en ai eu a été très négatif sur le paraître et l'impression que j'avais de mon corps. À partir de ce moment-là, j'ai commencé à réaliser que mon corps n'était pas comme les autres. J'ai commencé à complexer sur deux, trois kilos en trop, ce qui n'est rien.
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Je suis rentrée dans une spirale infernale : avec le premier régime, vous perdez du poids donc vous en reprenez le double. Vous grandissez, vous évoluez et petit à petit vous essayez tous les régimes de la Terre parce qu'on vous dit que vous n'êtes pas dans la norme et donc vous y croyez. Pourtant, aujourd'hui, quand je regarde des photos de moi à l'époque, je me trouve bien.
En étant plus jeune, j'avais déjà l'obsession de vouloir être fine comme tout le monde, comme les autres. Il y a eu d'autres circonstances qui ont fait que j'ai pris du poids : j'ai eu deux enfants et j'ai eu des problèmes de thyroïde, entre autres choses. Il y a un an, je me suis retrouvée en obésité."
L'année dernière, Maxime a voulu perdre du poids pour que ses enfants ne subissent pas des moqueries par rapport au poids de leur mère.
"J'ai été suivie par une coach en nutrition qui pratique de la micro-nutrition. Elle a su me parler tout de suite en me disant que je n'allais pas faire un régime mais un rééquilibrage alimentaire, que j'allais être également suivie par le corps médical, avec des analyses. Elle me suit encore au quotidien pour du coaching mental, sur ce que je peux manger et ce que je dois adapter. Ça m'a permis de perdre 27 kilos.
Ce serait mentir de dire que je ne me suis pas privée. À partir du moment où j'ai intégré l'idée que je ne faisais pas un régime mais un rééquilibrage alimentaire, psychologiquement parlant ça allait mieux. Je me suis privée, oui, parce que je ne mange plus de féculent, plus de sucres, plus d'alcool, tout ce qui peut faire grossir. Mais à côté de ça, j'ai réussi à trouver des parades qui me permettent de me faire plaisir. Oui, je me suis privée, mais je ne l'ai pas aussi mal vécu que je le pensais. Au début, les premiers temps ont été compliqués mais ça va beaucoup mieux aujourd'hui.
Je ne suis pas arrivée au poids qui me convient, il me reste encore du poids à perdre. Surtout, il me reste à faire un énorme travail sur moi-même et accepter que je ne serai jamais comme les diktats de la mode et de toutes les publicités, que ce n'est pas ça, la réalité. Ça fait 20 ans que j'entends le contraire, c'est un autre problème.
Il y a des vêtements qui vous plaisent et que vous ne pouvez pas mettre quand vous êtes ronde. Il y a les 'qu'en dira-t-on', le regard des autres, ce qu'on voit à la télévision et la réalité de la vie qui n'est pas forcément pareil. Vous avez du mal à emmagasiner ça et donc vous vous sentez rejetée."
L'avis du spécialiste
Docteur Gérard Apfeldorfer, psychiatre, auteur de Maigrir, c'est dans la tête (éd. Odile Jacob)
Le poids est quelque chose d'essentiel. Le témoignage de Maxime est éclairant : il y a un diktat social sur la façon dont doit être notre corps, en particulier pour les femmes. Il faut manger sur un mode intuitif : manger naturellement comme mangent les gens qui n'ont aucun problème alimentaire, ils écoutent leur faim, ils font attention à ce qu'ils mangent, ils ressentent la sensation de rassasiement… Au niveau des choix alimentaires, ils choisissent les aliments qu'ils préfèrent.
Les personnes en surpoids qui ont maigri sont appelées des "obèses minces" par les psychologues : ces personnes ont perdu du poids mais n'ont pas intégré cette perte de poids dans leur comportement et dans leur pensée. Elles vont se comporter comme si elles étaient encore grosses.
Pour les personnes qui ont été en surpoids pendant leur enfance et leur adolescence, lorsqu'elles maigrissent au début de l'âge adulte, elles ont raté quelques étapes, comme celle de la séduction. C'est aussi une des raisons pour lesquelles les personnes reprennent du poids. Elles vont être un peu perdues.