La compagnie maritime assurant la liaison entre le département français de Mayotte et les Comores a annoncé jeudi "suspendre les rotations jusqu'à nouvel ordre", sur fond de tensions sur la question du renvoi de sans-papiers. "La compagnie SGTM décide de suspendre ses rotations jusqu'à nouvel ordre, compte tenu du contexte actuel, qui entrave le bon fonctionnement de son activité", a-t-elle annoncé sur Facebook ainsi que dans un message distribué à ses employés et dont l'AFP a eu copie. Les autorités françaises ont déployé depuis plusieurs jours d'importants moyens, dans le cadre d'une opération controversée baptisée "Wuambushu", visant à déloger des migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte située dans l'océan Indien.
Les principales informations :
- La liaison vers les Comores suspendue "jusqu'à nouvel ordre"
- Les Comoriens autorisés à débarquer doivent détenir une pièce d'identité
- 1.800 gendarmes et policiers mobilisés
Les Comores limitent l'accueil aux passagers munis de papiers
Auparavant, les autorités portuaires comoriennes ont annoncé que les bateaux en provenance du département français voisin de Mayotte sont à nouveau autorisés à accoster, après une suspension de quelques jours, et les Comoriens autorisés à débarquer à condition qu'ils détiennent une pièce d'identité. Les autorités françaises ont déployé depuis plusieurs jours d'importants moyens logistiques et humains pour déloger des migrants illégaux des bidonvilles de Mayotte dans le cadre d'une opération controversée baptisée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais).
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1.800 policiers et gendarmes sont mobilisés
Quelque 1.800 policiers et gendarmes sont mobilisés, dont des centaines de renforts venus de métropole. Les Comoriens en situation irrégulière, soit la grande majorité des sans-papiers présents dans l'archipel français de l'océan Indien, doivent être renvoyés sur l'île comorienne la plus proche, Anjouan, à seulement 70 km. Mais un bras de fer s'est engagé depuis lundi entre les autorités françaises et comoriennes, Moroni ayant refusé l'accostage d'un bateau en provenance de Mayotte transportant 60 migrants et suspendu le trafic de passagers dans le port de Mutsamudu (Anjouan, nord-ouest) où les personnes expulsées sont habituellement débarquées.
Les ports du pays sont désormais "en mesure d'accueillir des passagers comoriens et d'autres nationalités", a déclaré jeudi Mohamed Salim Dahalani, directeur des autorités portuaires, lors d'une conférence de presse au port de Mutsamudu. Mais "ne débarqueront demain que des passagers qui seront pourvus de leur carte d'identité nationale", a-t-il souligné. De nombreux migrants se débarrassent de leurs papiers une fois arrivés en sol étranger, dans le but d'éviter leur renvoi vers leur pays d'origine ou tenter de se faire passer pour des mineurs.
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Moroni a multiplié les appels pour que Paris annule l'opération "Wuambushu"
Ces dernières semaines, Moroni a multiplié les appels pour que Paris annule l'opération "Wuambushu" mise sur pied par le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin, expliquant ne pas avoir les moyens d'accueillir un afflux de migrants. Le président comorien, Azali Assoumani, qui assure depuis février la présidence de l'Union africaine, avait dit espérer "que l'opération sera annulée", en reconnaissant "n'avoir pas les moyens de (la) stopper par la force".
Les Comores se sont engagées dans un accord signé en 2019 à "coopérer" avec Paris sur les questions d'immigration en échange d'une aide au développement de 150 millions d'euros. "L'Union des Comores n'a pas à payer pour les conséquences d'une opération Wuambushu non concertée", a martelé jeudi le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie, joint au téléphone par l'AFP. Selon lui, le trafic de passagers entre les Comores et Mayotte doit reprendre car "plus de 250 passagers réguliers sont en attente dans les îles". Mais "aucun refoulé n'a le droit d'être embarqué" sous peine pour la compagnie maritime "de se voir retirer sa licence, a-t-il précisé.
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L'Union des Comores refuse toujours de reconnaître la souveraineté de la France.
Appartenant géographiquement à l'archipel comorien, Mayotte, située entre Madagascar et la côte est-africaine, s'est séparée des Comores en 1974 à l'issue d'un référendum où les trois autres îles ont choisi l'indépendance. Elle est devenue département français en 2011 mais l'Union des Comores refuse toujours de reconnaître la souveraineté de la France.
De nombreux migrants africains périssent régulièrement dans des naufrages en tentant de rallier clandestinement Mayotte à bord de petites embarcations de pêche à moteur appelées kwassa kwassa. Selon l'Institut national des statistiques français (Insee), près de la moitié des 350.000 habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française.