D'un côté, 3.200 forces de l'ordre mobilisées, de l'autre, 1.500 "activistes violents" attendus. La nouvelle manifestation, organisée par le collectif "Bassines non merci", le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, contre le projet de "bassines" est placée sous haute sécurité samedi dans les Deux-Sèvres. Europe 1 vous explique pourquoi le projet suscite la colère d'une partie des écologistes.
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Pourquoi le projet est-il controversé ?
Cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d'affrontements, jusqu'à 10.000 personnes sont attendues tout au long du week-end autour de Sainte-Soline, où l'un de ces réservoirs dédiés à l'irrigation agricole est en construction. Le chantier, brièvement envahi par des manifestants fin octobre, est désormais protégé par une double rangée de grillage de deux mètres de haut, et ses accès défendus par des barrages routiers.
Le projet prévoit la construction de 16 méga-bassines, d'une capacité totale d'environ six millions de mètres cubes. Elles doivent être construites dans le cadre d'un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs et soutenu par l'État. Ce projet vise à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes.
Les opposants dénoncent, eux, un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer "un vrai projet de territoire" sur le "partage de l'eau".
Le raccordement aux bassines est conditionné à l'adoption de pratiques tournées vers l'agroécologie, mettent en avant les premiers, mais les seconds dénoncent de vaines promesses : le débat a tourné de longue date au dialogue de sourds.
Un projet pourtant bien légal
Les militants contestent aussi la légalité de ce projet. Pourtant, ces méga-bassines sont tout à fait légales. Leur construction est fortement encadrée puisque c'est le préfet de chaque département qui en valide la légalité, y compris pour la bassine de Sainte-Soline. Après plusieurs feux verts, celui de l'enquête publique, celui de la commission d'enquête préalable, celui du parc naturel du Marais poitevin, le chantier de construction a pu démarrer, provoquant la colère de ses opposants.
Des "éléments radicaux" certainement présents, des armes déjà saisies
Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, "environ 1.500 activistes radicaux", venus de France et de l'étranger, pourraient se mêler aux manifestants ce samedi, restés majoritairement pacifiques à l'automne. Des centaines d'entre eux ont déjà mené des "actions" vendredi après-midi, selon elle, s'en prenant à deux barrages de gendarmerie et réussissant à s'introduire brièvement sur une voie de TGV. Une simple "diversion" pour permettre au convoi de tracteurs de contourner le dispositif policier, selon les manifestants.
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Des armes ont été saisies en amont du rassemblement : boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux, haches, a détaillé le commandant régional de la gendarmerie, Samuel Dubuis.
"Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau", ont lancé vendredi les organisateurs, après avoir installé un campement à quelques kilomètres du chantier, sur un terrain privé situé en dehors du périmètre d'interdiction. Des dizaines de tracteurs et des "milliers" de manifestants, selon les organisateurs, sont arrivés vendredi, certains dans des véhicules aux plaques d'immatriculation dissimulées et de nombreux groupes cagoulés et habillés en noir.