L'ensemble des dirigeants politiques et beaucoup d'élus ont annoncé leur participation à la "marche blanche" organisée mercredi après le meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll, une octogénaire juive rescapée de la Shoah. Toutefois, le Crif a jugé indésirable la présence des membres du Front national comme de La France insoumise.
Des représentants de tous les partis... Le président du Sénat (LR) Gérard Larcher participera à cette marche, qui doit démarrer à 18h30 place de la Nation à Paris jusqu'au domicile de Mireille Knoll, dans le 11e arrondissement. Le président de LR Laurent Wauquiez sera présent "pour dénoncer ce crime odieux et la banalisation du nouvel antisémitisme", invitant "ceux qui partagent les valeurs des Républicains" à le rejoindre, selon un tweet. La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) viendra également rendre hommage à Mireille Knoll, "lâchement assassinée vendredi". Christophe Castaner, délégué général de La République en marche, a invité ses militants à venir à cette manifestation et a déploré un antisémitisme "banalisé dans les paroles, dans les actes". Des représentants de l'UDI ou encore du PCF sont aussi annoncés.
... Mais le FN n'est pas le bienvenu. En revanche, la présidente du FN, Marine Le Pen, n'y sera pas, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ne souhaitant pas la venue du FN. Joint par l'AFP, le président du Crif Francis Kalifat a rapporté que "beaucoup de personnalités, de diverses tendances politiques, ont annoncé leur venue" et dit espérer "qu'il y aura des membres du gouvernement, et peut-être plus". Mais il a ajouté que "le Front national n'est pas souhaité" à cette marche.
"Le Crif refuse que nous venions sinon je serais bien évidemment allée à cette marche blanche avec d'autres députés FN", a confirmé à l'AFP Marine Le Pen. Dans un communiqué publié dans la soirée, le FN, "nonobstant le message discriminatoire incompréhensible du Crif", "appelle ses adhérents et ses sympathisants à se joindre à la marche blanche organisée en hommage à Mireille Knoll".
...Ni les Insoumis. Le chef de la file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a aussi prévu de venir à la marche. Dans un premier temps, le patron du Crif a estimé que Jean-Luc Mélenchon pourrait se rendre à la manifestation, tout en relevant une "contradiction" entre sa présence et son soutien au "boycott d'Israël BDS" qui exprimerait, selon le responsable communautaire, "une haine de l'Etat d'Israël et des juifs". Mais dans la soirée, Francis Kalifat a durci sa position en déclarant le leader des Insoumis et ses troupes persona non grata : "Soyons clairs ni Jean Luc Mélenchon et les insoumis ni Marine Le Pen et le FN seront les bienvenus demain", a-t-il écrit dans un tweet :
Il semble qu’un faux procès soit fait au CRIF quand à la venue de Jean Luc Mélenchon au rassemblement en mémoire de Mireille Knoll alors soyons clairs ni Jean Luc Mélenchon et les insoumis ni Marine Le Pen et le FN seront les bienvenus demain.
— Francis Kalifat (@FrancisKalifat) 27 mars 2018
Édouard Philippe recevra la famille mercredi. "Le Premier ministre recevra (mercredi) à Matignon les membres de la famille de Mireille Knoll pour leur exprimer sa sympathie mais surtout notre ferme détermination à ne rien laisser passer", a annoncé mardi la ministre de la Justice Nicole Belloubet à l'Assemblée. Lors des questions au gouvernement, le ministre de l'Intérieur a dénoncé les "stéréotypes" qui sont à l'origine selon lui du meurtre : "Les deux auteurs ont été rapidement retrouvés (...) mais ce qui était terrible, c'est que l'un des auteurs disait à l'autre 'C'est une juive, elle doit avoir de l'argent'", a-t-il déploré. Ce sont "ces stéréotypes contre lesquels il nous faut lutter", a complété Gérard Collomb, ajoutant que 33 faits antisémites avaient été commis depuis début 2018.
D'après des sources proches de l'enquête, le mobile privilégié est celui d'un vol visant l'octogénaire en état de faiblesse - même si cette dernière vivait modestement -, vol qui vire au meurtre. Le caractère antisémite a été retenu, notamment au vu des déclarations des deux suspects, dans cette affaire encore entourée de zones d'ombre.