En une nuit, le site d'Eurotunnel a fait face à près de 2.000 tentatives d'intrusion entre lundi et mardi, selon les chiffres donnés par le groupe. Depuis plusieurs semaines, des migrants tentent quotidiennement d'embarquer illégalement sur les navettes pour traverser la Manche et se rendre au Royaume-Uni. L'entreprise déplore cet afflux massif mais Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, l'accuse dans une lettre dont l'AFP a eu connaissance, de ne pas faire les efforts nécessaires face "à l'aggravation de la situation".
"Je souhaiterais que vous vous interrogiez davantage sur les moyens humains que vous entendez consacrer à la sécurisation de ce site", écrit le ministre dans cette missive destinée au président d'Eurotunnel. Il estime que le groupe avait divisé par trois les moyens humains consacrés à la sécurité depuis 2002.
500 personnes pour les migrants. En réponse à la situation tendue dans la nuit de lundi à mardi, "tout notre personnel de sécurité, soit 200 personnes, ainsi que les forces de l'ordre étaient sollicitées" pour empêcher les intrusions, a précisé le porte-parole d'Eurotunnel. Plus de 300 policiers sont engagés à plein temps dans la région pour répondre à la problématique des migrants. Depuis début juin, huit personnes ont déjà perdu la vie à l'intérieur du site ou en tentant de s'y rendre.
La sécurisation du site, nerf de la guerre. Selon une source policière locale, "deux ou trois migrants ont été blessés" en tentant de monter sur les trains cette nuit. Cet officier, qui parle plutôt de 1.200 tentatives en une nuit, trouve "normal qu'ils aillent sur le tunnel, vu que le port, ils le sécurisent. La faille, c'est le tunnel". La sécurisation du site est ardue du fait de son immensité avec 28 kilomètres de clôtures pour une surface totale de 650 hectares, selon le groupe.
Les autorités britanniques ont déjà déboursé 4,7 millions d'euros pour la construction de barrières de sécurisation aux accès d'ici la première semaine du mois d'août. La ministre britannique de l'Intérieur Theresa May a annoncé mardi une rallonge de 10 millions d'euros pour le terminal d'embarquement. Eurotunnel a aussi demandé une indemnisation de 9,7 millions d'euros à Paris et Londres, pour compenser ses dépenses et perte d'exploitation depuis six mois liées à l'afflux de migrants.