Le Défenseur des droits Jacques Toubon a critiqué vendredi le refus du gouvernement d'ouvrir de nouveaux centres d'accueil pour migrants, notamment à Calais, estimant qu'il en fallait au contraire plus pour éviter des drames et apaiser les tensions.
Jacques Toubon s'exprimait lors d'une visite du centre humanitaire pour migrants de la porte de la Chapelle à Paris, autour duquel des campements sauvages de migrants se reforment malgré des évacuations massives régulières vers des centres d'accueil, gymnases notamment. Près de 2.800 ont été évacués lors de la dernière, le 7 juillet.
Un "plan migrants". Le gouvernement a annoncé la semaine dernière un "plan migrants" prévoyant notamment plus de 12.000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés d'ici 2019 et un effort accru pour l'intégration. Mais le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a refusé toute réouverture de centre pour migrants, notamment à Calais, qui risquerait selon lui de faire un "appel d'air".
"Cette thèse (de l'appel d'air) s'est toujours avérée fausse", a déclaré à l'AFP Jacques Toubon. "Tout, au contraire, démontre que ce qui fait la migration, c'est la nécessité vitale de fuir son pays, la situation politique, la guerre, les inondations, les sécheresses, la famine, la négation des droits des femmes et des homosexuels... Ce n'est pas du tout l'appel d'air qui joue".
"Les droits doivent être mis en place." En suivant cette thèse, "on décide qu'il faut que la prise en charge soit minimum et soit de fait déléguée à des associations". Or en tant que Défenseur de droits, "je dis non, les droits doivent être mis en place" pour tous les migrants, a-t-il martelé. Selon lui, le centre de la Chapelle "est un exemple de ce qu'il faudrait faire dans 5, 10 ou 15 endroits en France pour réaliser cet accueil".
Le plan du gouvernement est, selon lui, "décevant" car "il n'a pas envisagé ce qui est indispensable, c'est à dire la mise en place d'un certain nombre de plate-formes, de centres, d'accueil, d'information et d'orientation", qui "sont la seule façon" de fournir aux "personnes qui arrivent en France leurs droits fondamentaux de mise à l'abri, de sécurité, d'accès à la santé, à la nourriture et à la propreté".
C'est lors de l'entrée en France des migrants que ces "droits fondamentaux doivent être garantis", "c'est une obligation de l'Etat français comme de tous les autres car ce sont des droits universels", a-t-il conclu.