Comme souvent lors des mouvements de manifestation, des figures ressortent hors des syndicats traditionnels. La crise agricole que traverse le pays depuis plusieurs semaines ne déroge pas à cette règle. Jérôme Bayle était sur le premier barrage à Carbonne en Occitanie. Cet éleveur de 42 ans était à l'initiative du premier blocage de l'A64. L'homme est devenu le porte-voix de la colère de ses confrères.
Dans la foule, Jérôme Bayle, est reconnaissable grâce à sa casquette, toujours visée sur sa tête, et à son imposante carrure. Le colosse barbu connaît mieux que personne le malaise agricole. Son père s'est suicidé sur l'exploitation familiale et sa mère touche 217 euros de retraite par mois. Aujourd'hui, l'ancien rugbyman ne tire aucun revenu de ses 160 hectares et 90 vaches limousines. Lorsque la FDSEA a voulu mettre un terme aux manifestations, son sang n'a fait qu'un tour. "Moi je crèverai la tête haute. Il faut dire aux gens qu'en France deux agriculteurs par jour se suicident. Je ne sais pas quel corps de métier ou quelle administration accepterait ça", déclare-t-il à Europe 1.
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Un métier "sorti de la boucle"
Pour sensibiliser les Français à la condition des agriculteurs en France, Jérôme Bayle a demandé à ses confrères d'ouvrir leurs fermes. Une initiative conçue pour rétablir la vérité sur un métier "sorti de la boucle", dit-il. Jérôme Bayle est nostalgique du temps où les agriculteurs étaient maires dans les villages. Aujourd'hui, le franc-parler de l'éleveur fédère. Les dons solidaires transforment les tables en banquets. Une lutte, une histoire qu'il racontera peut-être dans un livre, dit-il, en hommage à son père.