Bâtons, barres de fer... si c'était une rencontre fortuite, les deux bandes rivales étaient particulièrement prudentes et équipées. Une vingtaine de jeunes en tout, se sont affrontés samedi. Les uns sur leurs terres, aux Lilas en Seine-Saint-Denis, à quelques centaines de mètres seulement de Paris. Les autres sont venus de deux communes limitrophes, Bagnolet et Romainville, avec parmi eux un garçon de 12 ans.
"Je vois des trottinettes qui volent, ça part en bagarre générale." Lorsque les policiers, prévenus par le voisinage, interviennent, tout le monde ou presque a détalé. L'adolescent, lui, gît au sol. Il se plaint de douleurs aux jambes et est hospitalisé. En réalité, la jeune victime, qui a fini par succomber à ses blessures dimanche, aurait aussi été frappée à la tête. L'autopsie devra le confirmer.
Depuis la fenêtre d'un bâtiment d'une quinzaine d'étages, Youssef, 18 ans, a tout vu. "J'entends que ça crie. Je regarde par la fenêtre et je vois que ça chauffe et après ça se bat. Ça prend des barres de fer, ça court, je vois des trottinettes qui volent, ça part en bagarre générale", raconte le jeune homme au micro d'Europe 1.
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"La mort ne fait plus peur." D'après lui, les protagonistes sont assez jeunes, "15 ans, 16 ans, après ça peut aller jusqu'à 17 ans". Mais c'est surtout la violence dont ils font preuve qu'il souligne : "Les personnes ne se contrôlent plus, elles sont inconscientes des coups qu'elles portent. Une trottinette, ça peut tuer en un coup. Quand on voit des personnes mettre plusieurs coups, à la tête ou autre, ça va loin. (...) En ce moment, j'ai l'impression que la mort ne fait plus peur. J'ai l'impression que les personnes n'hésitent plus à taper jusqu'à la mort."
Les voisins sont sous le choc, comme cette mère de famille qui montre le visage de son fils. Il a un œil au beurre noir et des traces de coups. "Il y a deux jeunes qui l'ont attrapé et l'on tabassé. Il a été sauvé par cette dame qui l'a vu. Regardez son œil en sang ! Un quartier contre l'autre, on a jamais vu ça", lâche-t-elle, des sanglots dans la voix.
La peur des représailles pousse au silence. Aujourd'hui, l'inquiétude est à son comble : "Il m'a dit : 'Si je parle, ils vont s'attaquer à moi, ma sœur.' Tout mes enfants sont en dehors de la maison. Ma fille est partie chez sa copine et eux, ils vont chez leur frère pendant une semaine." Si elle assure connaître le nom des agresseurs, elle ne veut pas porter plainte par peur des représailles.
Les enquêteurs tentaient dimanche de connaître l'origine de ce déchaînement de violences. Après avoir interpellé sur le champ deux amis de la victime, remis en liberté, les policiers interrogent à présent un garçon de 16 ans, membre apparemment de la bande rivale.
Ce dernier aurait lui-même été emmené de force par deux hommes dans une voiture dimanche après-midi, avant d'être relâché deux heures plus tard, le visage tuméfié. La police de Seine-Saint-Denis comptait sur cette garde à vue pour saisir ce qu'il s'est passé samedi soir aux Lilas et qui a porté les coups fatals au garçon de 12 ans.