La décision d'accorder ou non une subvention controversée de 2,5 millions d'euros pour la construction d'une mosquée à Strasbourg sera prise courant avril, a indiqué jeudi la municipalité, précisant avoir transmis "ses exigences" à l'association turque Millî Görüs, porteuse du projet.
"La décision sera prise rapidement, en transparence, courant avril", a indiqué la municipalité dans un communiqué de presse.
"Ingérence étrangère"
Le vote par le conseil municipal de Strasbourg, le 22 mars, du "principe" d'une subvention de 2,5 millions d'euros pour le chantier de la mosquée "Eyyub Sultan", rendue possible par le droit local spécifique de l'Alsace, a déclenché la colère du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Celui-ci avait reproché à la mairie écologiste de Strasbourg de financer une "ingérence étrangère", en l'occurrence de la Turquie, sur le sol français, tandis que la maire (EELV) Jeanne Barseghian a affirmé n'avoir reçu auparavant aucune "mise en garde" de la part de l'État.
Conformément à la délibération votée en conseil municipal, le versement effectif de la subvention, correspondant à 10% du coût prévu de la mosquée, doit faire l'objet d'un second vote et est soumis à conditions. "La Ville a transmis aux porteurs du projet ses exigences en termes de solidité du plan de financement et d'adhésion sans équivoque aux principes républicains", indique ainsi la municipalité.
Les réponses apportées par Millî Görüs, ainsi que "toute information complémentaire qui pourrait être transmise par l'État" seront versées à ce dossier dont "seule l'instruction approfondie (...) conduira à la décision de verser – ou non – la subvention", souligne la ville de Strasbourg.
Les collectivités peuvent financer des édifices religieux
Pour des raisons historiques, Église et État ne sont pas séparés en Alsace et en Moselle où le droit local permet aux collectivités de financer, si elles le souhaitent, la construction d'édifices religieux, comme ce fut le cas ces dernières années à Strasbourg pour une mosquée inaugurée en 2012, une église orthodoxe russe ou une pagode bouddhiste.
Elue en 2020, Jeanne Barseghian a fait part de son souhait d'"engager le dialogue autour des nouvelles modalités de financement des lieux de cultes à Strasbourg".
De son côté, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, a estimé jeudi que Millî Görüs, qui va "à l'encontre des valeurs de la République", n'avait "pas vocation à organiser des activités, à exister dans la République" tout en précisant qu'il n'annonçait pas sa dissolution.