Myriam a été abordée par un homme sur Instagram au mois de janvier. Pendant un mois, ils ont échangé et se sont rapprochés. Prétextant un problème de carte bleue à l’occasion d’un voyage à l’étranger, l’homme lui a alors demandé de lui envoyer 400 euros. Myriam a accepté. Elle a compris qu’il s’agissait d’une arnaque quand il lui a ensuite réclamé la somme de 6.000 euros, s’étant soi-disant fait arrêter avec de la cocaïne sur lui. Sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Myriam confie s’en vouloir d’avoir été dupée.
"J’ai été victime d’une arnaque aux sentiments. J’ai été abordée par un homme sur Instagram, début janvier. J’ai 50 ans. Je suis nulle en réseaux sociaux. C’était une des premières fois que j’allais sur Instagram. Il m’a proposé de continuer l’échange par messages. C’est allé petit à petit, tout en douceur. Il m’envoyait des photos, même des photos avec sa fille. Une relation de confiance s’est installée entre lui et moi. Il était très courtois et délicat, et il s’exprimait très bien. Je l’ai même eu au téléphone plusieurs fois.
" Communiquer avec lui m'a mis du baume au cœur "
Au bout du compte, il m’a arnaquée de 400 euros. Je suis tombée de mon petit nuage. J’étais esseulée et ça n'allait pas. Communiquer avec lui m'a mis du baume au cœur. Je me disais que j'avais rencontré quelqu'un de bien. Comme j'ai bon cœur, il a réussi à faire en sorte que je lui donne 400 euros. Il a prétexté un voyage en Angleterre. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas se servir de sa carte et qu’il n'arrivait pas à contacter des proches pour le dépanner. Il m'a vraiment retourné le cerveau.
C'est seulement après, quand il m’a demandé la somme de 6.000 euros, évoquant des choses de plus en plus aberrantes, que je me suis dit je me faisais arnaquer. J'ai reçu un coup de fil de lui en catastrophe, me disant qu’un de ses clients lui avait demandé de ramener quelque chose à un ami en France. Il s’était soi-disant fait arrêter par la douane avec de la cocaïne sur lui. Les 6.000 euros, c’était pour que je paye sa caution. C'est énorme.
" Encore aujourd'hui, cette personne m'envoie des SMS "
Je me disais qu’il fallait que je l’aide, mais je n'avais pas l'argent. J'ai même écrit un mail à l'ambassade de France pour savoir comment on faisait pour contacter un proche qui était retenu. Je me disais qu’il était victime. C’est seulement quand son avocate est venue me réclamer les 6.000 euros dans un langage argotique, que j’ai compris. Je lui ai demandé à quel barreau elle appartenait. J'ai eu l'instinct de téléphoner au barreau de Melun pour demander si elle y exerçait vraiment. Ils m’ont dit que non.
J’ai été manipulée petit à petit, tout en douceur. J'ai compris in extremis que c'était une arnaque. Heureusement que je n'avais pas les 6.000 euros sur mon compte, parce que j’en étais à me dire qu’il fallait à tout prix que je lui apporte mon soutien. J'ai même montré sa photo à toute ma famille qui était contente que j'aie quelqu'un de bien dans ma vie. Encore aujourd'hui, cette personne m'envoie des SMS pour me dire qu’à cause de moi sa vie va basculer, parce que je ne lui paye pas sa caution.
" Je pensais que j'avais réellement affaire à quelqu'un qui existait "
J’ai signalé les faits sur le site du gouvernement d’assistance et de prévention des cyber-arnaques. J’ai été conseillée par une personne qui m’a dit qu’il fallait que je fasse le deuil de mes 400 euros. Il m’a expliqué que ces gens ne seront jamais inquiétés. Même s'ils continuent à m'envoyer des mails, on ne peut rien y faire. Il m’a donné un conseil : ‘C'est le monde 3.0. Il ne faut faire confiance qu’aux personnes physiques.’ Je suis désabusée que l’on ne puisse rien faire et que cette personne ne soit jamais inquiétée.
Cet homme m'a tellement téléphoné, envoyé des photos, parlé de sa fille pendant un mois que je pensais que j'avais réellement affaire à quelqu'un qui existait. Au bout du compte, ce n'est qu’une arnaque. Ces gens sont très doués. Il avait aussi un profil très professionnel sur LinkedIn. J'ai honte de m'être fait avoir. Je me sens cruche. J'essaye de ne pas y penser, mais ça me revient. Je culpabilise et je m'en veux. Je me dis que c'est ridicule d'être tombée dans un panneau aussi gros.
Ce qui me choque le plus, c'est que ce monsieur a volé la photo d'un papa avec sa fille et me l’a envoyée. Le professionnel qui m’a conseillée, m’a expliqué qu’ils prennent ce que les gens publient sur les réseaux et ils montent de faux profils. Je trouve ça répugnant que cette enfant soit utilisée à son insu. Ce papa et cette enfant existent et ne savent pas qu’on utilise leurs photos pour faire du mal. Je trouve ça ignoble. Quand j’ai vu le sourire de cette enfant, ça m'a fait fondre. Je me suis dit que c’était quelqu'un de bien, il avait l'air adorable.
C’est immonde. J’ai vécu des choses difficiles au niveau conjugal. Je faisais un travail sur moi pour reprendre confiance en moi. Outre les 400 euros, ça fait des dégâts. Par exemple, j'ai été obligée de prendre à témoin ma maman qui a 81 ans. Je n'en reviens pas de m’être fait avoir. Je suis généreuse et je ne vais pas me refaire. Ma mère m’a dit : ‘Tu as été victime de ton bon cœur, et ton bon cœur, il faut le garder.’"