L'homme de 21 ans gravement blessé mardi sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, a reconnu avoir ramassé la grenade qui lui a arraché la main, mais nie avoir voulu la lancer sur les gendarmes, et une plainte sera déposée afin d'éclaircir les circonstances de l'accident, a déclaré jeudi son avocat.
"Il n'y a jamais eu d'intention de la part de Maxime de lancer cette grenade sur les forces de l'ordre. Elle a explosé quelques secondes après qu'il l'a ramassée, alors qu'il était dos aux forces de l'ordre", a indiqué Hervé Gerbi lors d'une conférence de presse à Nantes, en présence de la famille de l'étudiant de 21 ans, Maxime Peugeot. Celui-ci, amputé de la main droite, est toujours hospitalisé.
"Quelle bêtise j'ai faite". Mardi, alors qu'il était en train de "rebrousser chemin lors d'une charge" des gendarmes, il "va ramasser cette grenade, avec l'idée simple et bête que ce sera une munition que n'auront pas les forces de l'ordre", a rapporté son avocat. "Il a un sentiment de culpabilité très fort. (...) La première chose qu'il m'a dite, c'est : 'quelle bêtise j'ai faite'", a relaté Me Gerbi, avant l'audition de son client par les gendarmes.
Cet étudiant en 3e année de sciences politiques à Lille présente aussi "des blessures au pouce et à l'index de la main gauche, une grosse plaie du thorax et du mamelon droit et une plaie à la cuisse", a détaillé Me Gerbi. Pour lui, ces blessures "sont incompatibles avec un geste d'armement pour lancer une grenade. Vous lancez une grenade, vous êtes blessé au visage".
Une plainte bientôt déposée. "Compte tenu de l'éloignement de la version proposée par les autorités, de la réalité présentée par Maxime, nous allons déposer plainte dans les jours qui viennent, pour des faits de violences volontaires par personne chargée d'une mission de service public, ayant entraîné une incapacité permanente", a-t-il annoncé. "Ce qui nous intéresse, c'est pourquoi aux alentours de 11H cette grenade se retrouve aux pieds de Maxime, alors qu'ils ne sont que deux dans un périmètre assez large, c'est-à-dire sans menacer directement les forces de l'ordre", a expliqué l'avocat.
Un jeune homme arrivé dans la ZAD quelques semaines plus tôt. Il a contesté la version du ministère de l'Intérieur et du parquet général de Rennes, selon laquelle son client s'était emparé du projectile pour le lancer sur les gendarmes, tout comme celle des zadistes selon laquelle il n'avait pas pu ramasser la grenade volontairement. "Eh bien si, il l'a ramassée, parce qu'il ne savait pas" que cette grenade GLI-F4 pouvait exploser, selon Me Gerbi. "C'est un jeune homme très idéaliste. Dans cette ZAD, il y a des zadistes professionnels et il y a des gens comme Maxime", a-t-il insisté. Le jeune homme était arrivé "il y a quinze jours, trois semaines" avec cinq autres étudiants lillois, "pour voir". "La seule chose qui l'intéressait, c'était reconstruire les potagers, désherber et faire la cuisine", selon Me Gerbi.
Dix squats évacués ou détruits. Une enquête a été confiée à la section de recherches d'Angers et l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a été saisie. Dix squats ont été détruits ou évacués jeudi et vendredi derniers, après la destruction de 29 habitats début avril, sur les 97 recensés sur la ZAD. Les affrontements continuent, de façon sporadique, entre quelques dizaines militants radicaux et les gendarmes toujours déployés sur le site.