C'était un document très attendu : depuis juin, l'Inspection générale de la justice vient de dévoiler un rapport, élaboré depuis le mois de juin pour la ministre de la Justice Nicole Belloubet et portant sur les homicides conjugaux. "La chaîne pénale n’est pas satisfaisante. Ce rapport, comme je l’avais demandé, met le doigt sur les difficultés et les dysfonctionnements", commente la garde des Sceaux dans le Journal du Dimanche. "Dans 35 % des cas, les forces de l’ordre et la justice n’avaient été saisies d’aucune plainte avant le féminicide. Mais dans 65 % des cas, elles l’étaient", ajoute-t-elle.
Ces déclarations interviennent alors que le nombre de féminicides, en 2019, dépasse déjà celui de l'ensemble de l'année 2018. L'année dernière, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint ou par leur ex. Il y en a déjà 135 cette année. Pour tenter d'y mettre fin et alerter l'opinion publique sur ce fléau, une grande marche est organisée samedi par le collectif féministe #NousToutes.
"S'inspirer de ce qui est fait à l'hôpital de Dax"
Selon le rapport de l'Inspection générale de la justice, dans 41% des 88 homicides conjugaux et tentatives étudiés, la victime s'était déjà signalée à la police : un dysfonctionnement mortel pour de trop nombreuses femmes. "Il y a un problème de preuves", estime Nicole Belloubet. Pour y répondre, elle estime que la police pourrait "s'inspirer de ce qui est fait à l'hôpital de Dax".
Elle précise : "Les victimes avouent rarement qu’elles ont subi des violences conjugales ; elles arrivent en avançant de fausses raisons, qu’elles sont tombées, par exemple. Mais, à Dax, les médecins les amènent à verbaliser. Et ils ne les laissent pas repartir sans avoir contacté une association qui les accompagne immédiatement. Le système est organisé de sorte qu’il n’y ait pas de faille." Et d'asséner : "Nous devons mettre en place des protocoles de réponse qui ne laissent à aucune place, nulle part."