La ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, a annoncé lundi matin son intention de faire fermer à Nice un collège privé musulman hors contrat, le collège Avicenne, en raison d'"un problème de financement opaque", "contraire à la loi" antiséparatisme. "Après plusieurs relances", le collège doté de quatre classes de la 6e à la 3e selon son site internet "n'était pas très clair sur ses sources de financement", a estimé Nicole Belloubet sur France 2, ce qui est "contraire à la loi de 2021, la loi antiséparatisme".
"C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à la rectrice de l'académie de Nice d'appliquer avec clarté la loi de 2021 et de proposer au préfet la fermeture de cet établissement en prenant en compte la situation scolaire des élèves", a-t-elle poursuivi. La ministre a précisé que les autorités allaient "annoncer la fermeture" avec mise en œuvre "décalée à septembre" pour "pouvoir prendre en charge les élèves" de ce collège situé dans le quartier de l'Ariane à Nice, un des plus pauvres de la ville.
Christian Estrosi soutient "la démarche de fermeté de la ministre vis-à-vis du séparatisme"
La rectrice de l'académie de Nice, Natacha Chicot, a précisé au cours d'un point presse lundi que "dès octobre 2022 nous avons sollicité auprès de l'établissement Avicenne les justificatifs prévus par la loi". "Depuis cette date, malgré nos relances, l'établissement n'a pas été en mesure de justifier une très large partie des financements reçus au cours des années 2021-2022", a-t-elle indiqué, faisant part de son intention de "saisir le parquet". "Le motif qui pourrait entraîner la fermeture de l'établissement tient à la situation comptable et budgétaire, à ce stade, il n'y a jamais eu d'alertes sur un éventuel embrigadement ou une situation de radicalisation dans cet établissement", a précisé Natacha Chicot.
Le collège Avicenne accueille "une petite centaine d'élèves", selon la rectrice. Joints par l'AFP, les responsables de l'établissement n'ont pas souhaité réagir dans l'immédiat. Dans un communiqué, Christian Estrosi, maire (Horizons) de Nice, a soutenu "la démarche de fermeté de la ministre vis-à-vis du séparatisme", précisant s'être "opposé à l'agrandissement" de l'établissement il y a quelques mois en raison de son "financement occulte".
Cette annonce survient quelques mois après la décision du préfet du Nord de mettre fin à compter de la rentrée 2024 aux subventions publiques du lycée Averroès, principal établissement secondaire musulman de France. Une décision de l'Etat confirmée en référé par le tribunal administratif de Lille le 12 février. L'établissement Averroès a indiqué qu'il saisirait le Conseil d'État pour contester cette décision.
500 élèves dans des "processus de radicalisation"
Interrogée sur le suivi en France des élèves soupçonnés de radicalisation - la ministre avait estimé le 18 février sur BFMTV qu'environ 500 élèves étaient dans des "processus de radicalisation" dont 160 dans un processus avancé - Nicole Belloubet a estimé qu'il y a "des niveaux différents de radicalisation". "Il y a des élèves qui sont des enfants de famille dont on imagine qu'elles sont radicalisées, d'autres qui ont déjà commis des actes en ne respectant pas les valeurs de la République", a constaté Nicole Belloubet. "Lorsque nous avons un doute, nous suivons de très près ces élèves et les proviseurs et principaux ont des moyens pour les empêcher de rentrer dans les établissements", a-t-elle assuré.
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"Nous suivons vraiment avec une très grande attention leurs comportements en classe. S'il y a des difficultés, nous pouvons aller jusqu'à un certain nombre de procédures disciplinaires", a-t-elle ajouté. Enfin, le ministère étudie la mise en place de "classes spécifiques" pour ces élèves, a-t-elle ajouté, précisant qu'une réflexion était en cours sur la "manière" dont elles pourraient être instaurées et selon quel "périmètre".