Notre-Dame de Paris : comment va se dérouler l'enquête ?

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Benjamin Peter, à Toulouse, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Au surlendemain de l'incendie qui a ravagé une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les enquêteurs sont déjà à pied d'oeuvre pour tenter d'en cerner précisément les causes.
ON DÉCRYPTE

Si l'incendie est désormais circonscrit à la cathédrale Notre-Dame de Paris, l'enquête ne fait que commencer pour savoir ce qui a causé la perte de la charpente, de la flèche et de la toiture, entre autres éléments de cet édifice emblématique de la capitale. 

Lister les sources d'énergie

Une cinquantaine de policiers ont été saisis, alors que la piste accidentelle est privilégiée. Un des cinq laboratoires spécialisés de la police scientifique a aussi été sollicité, avec une méthode très précise : il faut d'abord figer la scène et éventuellement la modéliser en 3D, afin de garder une trace de tous les éléments de la cathédrale. Il faut ensuite recueillir des photos et des vidéos de témoins. A ce stade, une dizaine de personnes ont été entendues. De nouveaux témoins seront auditionnés jeudi. 

Une fois que le lieu est sécurisé, il est également nécessaire de quadriller la zone pour identifier ce qui aurait pu provoquer un départ de feu : "On va faire l'inventaire de toutes les sources d'énergie. Ça peut être une cause liée à une activité humaine, comme des travaux, ou un mégot… Il y a aussi des causes électriques", liste Véronique Vidotto, la responsable du service incendie et explosion de l'Institut national de police scientifique de Haute-Garonne, à Toulouse. L'objectif, in fine, est de déterminer "tout ce qui est susceptible de donner cette énergie d'activation".

Remonter "la logique" du feu

Pour vérifier chaque hypothèse, il faut remonter le temps. Car si un profane ne voit dans l'incendie qu'une forme de chaos, le spécialiste perçoit une logique dans le déroulé de cet événement. "On a un comportement vivant, ou humain : le feu a besoin de manger, c'est le combustible. On va ainsi pouvoir suivre son cheminement", décrit Dominique Deharo, directeur adjoint du laboratoire. "Le feu a pu démarrer à quelques dizaines de mètres de là et trouver un moyen de développement. Nos collègues du laboratoire central de la préfecture de Paris vont remonter cette logique."

Le suivi du déclenchement des alarmes pourrait aussi permettre de restreindre la zone d'investigations. Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit là d'un travail méticuleux qui pourrait prendre de longues semaines, alors qu'Emmanuel Macron a a promis d'"achever la restauration" de Notre-Dame de Paris d'ici cinq ans, un délai a priori compliqué à tenir selon les spécialistes. A ce stade, les enquêteurs restent prudents sur la cause précise du sinistre. Tous les scénarios restent envisageables à ce stade : court-circuit, "point chaud" provoqué par une soudure au chalumeau, etc...