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A.D
Les zadistes se mobilisent à nouveau ce week-end. Des affrontement avec les forces de l'ordre sont à craindre dans les jours à venir.
INTERVIEW

Au bout de 50 ans de querelles et de recours judiciaires autour du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et malgré le référendum de juin en faveur de l'aéroport, la volonté des zadistes n'est pas émoussée. Ils se mobilisent à nouveau samedi. Leur rassemblement est nommé "Le chant des bâtons". Eddy Fougier, politologue, était l'invité de C'est arrivé cette semaine pour décrypter leur objectif.

Faire du bruit et se défendre. Des bâtons pour faire du bruit ou pour s'en servir ? Le but est double pour le politologue. Il s'agit à la fois "de faire tinter ces bâtons les plus nombreux possibles pour montrer au gouvernement et aux partisans de l'aéroport qu'ils sont encore nombreux, déterminés, et organiser une forme de résistance tout au long de ce week-end en mettant en place des zones de défense, et en faisant des formations pour anticiper une opération policière qui viserait à déloger les zadistes présents sur place depuis maintenant une dizaine d'années."

Le gouvernement encore divisé... Plusieurs milliers de personnes sont attendues, des locaux mais aussi des partisans venus de toute la France, voire d'autres pays. En face, le gouvernement s'est engagé à les déloger et à entreprendre la construction de l'aéroport. "La position du gouvernement est assez compliqué puisqu'ils sont divisés. Il y a quand même Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et ancien maire de Nantes, qui a été l'un des principaux partisans de l'aéroport surnommé 'Ayraultport'. Il y aussi Ségolène Royal et les écologistes qui sont opposés à ce projet. La ligne de Manuel Valls est la fermeté. Il considère que cela a été tranché par le peuple via le référendum."

...mais qui "ne peut pas revenir en arrière". Dans quelques jours, des bulldozers doivent venir détruire les constructions des zadistes. "Ce qui va se passer sera compliqué. En 2012, il y a eu une opération d'envergure contre les zadistes avec expulsions, violences et affrontements. Ce que l'on suppose, c'est qu'il va ya voir une nouvelle opération d'envergure avec des affrontements violents. L'un des objectifs du week-end est que certains restent sur place pour monter la garde et que des militants et des caméras se ruent dans la zone pour filmer. On s'attend à une bataille rangée. Mais ce ne sera pas Alep", modère Eddy Fougier, qui rappelle néanmoins le décès d'un manifestant dans la ZAD du Testet à Sivens, en octobre 2014, lors des mobilisations contre le barrage.

"Sous peine d'être taxé de manque d'autorité, le gouvernement ne peut pas revenir en arrière", analyse le politologue. Le calendrier est d'autant plus brûlant pour le gouvernement après les contestations contre la loi El Khomri et à quelques mois des prochaines élections présidentielles "et d'une éventuelle candidature de François Hollande qui vise à rassembler la gauche".