Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, était l'invité d'Europe 1 lundi matin. 1:43
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Le chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, se montre critique sur la stratégie du gouvernement pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Et il prévient déjà que l'exécutif doit absolument se mettre en ordre de marche pour ne pas rater la marche de la campagne de vaccination après le passage de la seconde vague.
INTERVIEW

S'il est bien évidemment trop tôt pour crier victoire, quelques indicateurs semblent montrer que le pic de la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus pourrait avoir été franchi. Le ministre de la Santé Olivier Véran l'affirme d'ailleurs lundi dans la presse quotidienne régionale. Sur le terrain pourtant, les acteurs de la santé restent prudent. Et ils se tournent déjà vers la sortie du confinement et vers l'utilité impérieuse de réussir à vacciner le plus grand nombre. "Nous ne pouvons pas nous permettre de rater la vaccination comme on a raté le déconfinement", a ainsi affirmé lundi sur Europe 1 le professeur Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou.

"Je souhaite que rapidement, il y ait un grand débat national"

Car l'espoir, désormais réside bel et bien dans le vaccin, quand évidemment il sera disponible. "La politique vaccinale, c'est notre chance, c'est un espoir. Mais cet espoir, il faut le traduire maintenant en actes", prévient Philippe Juvin. "Ça va être compliqué de vacciner toute la population et donc il faut y travailler sérieusement."

Or à l'entendre, rien, pour l'heure, n'est fait. "A ma connaissance, il n'y a pas eu de décisions prises pour savoir où on allait entreposer le vaccin, qui allait vacciner, où on allait vacciner, dans quelles conditions et quelle population. Il y a beaucoup d'inconnues", relève le médecin. "Je souhaite que rapidement, il y ait un grand débat national comme les Allemands l'ont fait. Et ça ne nuit pas à la décision politique, le fait qu'il y ait un débat."

 

 

"Il faut que toutes les données soient sur la table"

En France aussi, dit-il, il faut "que toutes les données soient sur la table". "Il ne faut pas qu'on ait l'impression que toutes les décisions sont prises en chambre privée ou en conseil de défense. Celui-ci est très utile en cas d'urgence mais cela fait huit mois que nous vivons cette épidémie : est-il urgent de prendre à la minute une décision de fermeture de tel ou tel commerce ?", interroge le médecin. 

Philippe Juvin prône le "partage de l'information" entre soignants, gouvernants et acteurs économiques. "Quand les choses sont décidées de manière confidentielle, cela nuit à l'acceptabilité des mesures et à la confiance des Français."