La Nouvelle-Calédonie doit décider dimanche lors d'un référendum d'autodétermination si elle reste Française ou choisit l'indépendance. Il s'agit du deuxième scrutin de ce type organisé sur ce territoire de 270.000 habitants situé dans le Pacifique, deux ans après un premier vote qui a vu les pro-français l'emporter par 56,7% des voix le 4 novembre 2018.
Avant ce scrutin, le seul et unique sondage avait annoncé une large victoire des soutiens de la France à plus de 70%. Quand ces derniers n'ont gagné qu'avec 56,7% des voix, les indépendantistes ont célébré une sorte de victoire, car ils anticipaient une défaite beaucoup plus sévère.
Une période de transition en cas de victoire des indépendantistes
Récemment, les indépendantistes ont affirmé posséder d'importantes réserves de voix qui auraient été découragées lors du premier scrutin par leur défaite annoncée. Quoiqu'il advienne, la Nouvelle-Calédonie ne deviendra pas un pays du jour au lendemain. En cas de victoire des indépendantistes, il y aura une période de transition de trois ans. Si l'autre camp l'emporte, un troisième référendum est prévu d'ici un an et demi. Les textes sont clairs : après ce troisième scrutin éventuel, il n'y aura plus jamais de vote sur l'indépendance. Les deux camps pourraient alors devoir inventer une nouvelle solution politique afin de continuer à vivre ensemble.
Ce référendum, comme le premier, s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanaks, peuple premier, et Caldoches, d'origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts). Les accords de Matignon, signés en juin 1988 par l'indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou et le loyaliste Jacques Lafleur, consolidés dix ans plus tard par l'accord de Nouméa, ont institué un rééquilibrage économique et géographique en faveur des Kanaks et un partage du pouvoir politique, même si les inégalités sociales restent importantes.
Pas de mesures barrières ni de masques
La consultation, dont le résultat sera connu dimanche soir (dimanche matin en métropole), se déroulera sans mesure barrière ni masque, puisque l'archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant. "Le virus, on n'y pense même plus. Les gens sont plus inquiets des résultats du référendum que du Covid", raconte le Dr Hugues Bourgeois, médecin généraliste.
A quelques jours du scrutin, des partisans d'une Nouvelle-Calédonie française ont défilé à plusieurs reprises dans Nouméa, en cortège de voitures, agitant des drapeaux tricolores. Les militants de l'indépendance ont aussi manifesté, en voiture, à pied ou en bateaux, avec des drapeaux kanak.