L’Iran relance pas à pas son programme nucléaire. Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont constaté que la République islamique avait lancé la production d’un nouveau composant à usage militaire. Ces 3,6 grammes de métal d’uranium restent, en termes de volume, très échantillonaires. Seulement, cet échantillon a été produit localement, dans une usine d’Ispahan. Ce qui veut dire que désormais les Iraniens maitrisent ce savoir-faire indispensable à la fabrication d’une bombe atomique. Qui n’a d’ailleurs que peu d’utilité en dehors de cette fonction.
Une militarisation croissante
Cette nouvelle violation s’inscrit dans une trajectoire qui depuis quelques mois indique une militarisation croissante du programme nucléaire iranien avec le passage du taux d’enrichissement de l’uranium à 20% et l’augmentation du stock de matière fissile. Si jamais elle décidait de s’en doter, la République islamique se place donc en capacité à disposer de tous les éléments nécessaires à l’assemblage d’une bombe atomique d’ici moins d’un an, et d’une arme opérationnelle d’ici moins de deux ans. Ce qui, à ce stade, n’est pas encore un choix totalement assumé par le régime.
L’objectif affiché des Iraniens est pour le moment de forcer les États-Unis à revenir au plus vite dans l’accord de 2015, qui prévoyait la levée des sanctions économiques contre l’Iran en échange d’un abandon de son programme nucléaire militaire. Le problème étant que Donald Trump a rejeté ce compromis en 2018 et que les Iraniens sont depuis lors sous embargo. Leur stratégie de riposte a donc été d’organiser une violation graduée des règles de l’accord, notamment sur les stocks et l’enrichissement.
Bras de fer avec les Etats-Unis
Joe Biden, tout juste investi, est prêt à reprendre les négociations mais il exige des Iraniens qu’ils reviennent à leurs obligations avant d’ouvrir les discussions. Alors que les Iraniens, eux, demandent qu’il fasse la preuve de sa bonne volonté en levant d’abord les sanctions américaines. En attendant que les diplomates des deux pays trouvent une façon adéquate reprendre le dialogue, les deux pays sont donc engagés dans un bras de fer. Le risque étant que le dérapage iranien, qui pour l’instant reste assez contrôlé, parte finalement en toupie sous la pression des radicaux du régime.