Que vont devenir les 234 migrants une fois que l'Ocean Viking aura accosté à Toulon ? C'est la question qui chahute la classe politique depuis l'annonce du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ce jeudi, qui a approuvé l'accueil du bateau de sauvetage "à titre exceptionnel". Il a déjà été communiqué qu'un tiers des migrants restera en France et un autre tiers rejoindra l'Allemagne. Ceux qui ne répondent pas aux critères du droit de séjour ou d'asile seront reconduits. Les vérifications s'effectueront dans la base militaire de Toulon, qui n'a pas été choisie au hasard.
Une base suffisamment grande
Les raisons d'y accoster sont autant politiques que pratiques. D'abord, il s'agit d'envoyer un message de fermeté avec un accostage qui se déroulera dans un périmètre hermétique de 44 hectares parfaitement surveillés. Un lieu idéal selon les militaires interrogés à la sortie de l'arsenal : "C'est un lieu clos qui est vivable et sain. Il s'agit de gens qui ont vécu des choses dures et donc ça aurait été étrange qu'ils soient lâchés en pleine ville", confie l'un deux.
"La base est suffisamment grande et il y a suffisamment de place pour mettre des préfabriqués pouvant accueillir plus de 150 personnes. Par contre, ça fait beaucoup de logistique à mettre en place. Mais on a tout le matériel disponible pour que ce soit fait correctement", ajoute son collègue.
L'arrivée est prévue vendredi matin
L'heure d'arrivée de l'Ocean Viking, qui accostera ce vendredi, dépendra des conditions de navigation en mer dans la nuit. Il arrivera certainement dans le courant de la matinée, selon Sophie Beau, la directrice de SOS Méditerranée, impatiente de vivre ce dénouement.
"Cela a beaucoup trop duré. C'est devenu un véritable calvaire au fur et à mesure que les jours passaient. La situation était vraiment devenue critique. Nous l'attendons avec impatience pour que les personnes puissent enfin toucher la terre ferme. Pour certaines d'entre elles, ça fera près de trois semaines qu'elles sont à bord. Elles sont absolument épuisées, elles ont besoin de repos et d'assistance médicale", détaille-t-elle.
Une fois sur place, la priorité sera donnée aux soins. Le dispositif médical est en pleine organisation. Les choses évoluent de minute en minute. Viendra ensuite le travail d'identification de chacun avec les agents de la police aux frontières de l'Ofpra, l'Office de protection des réfugiés et des apatrides, déployés en nombre au sein de la base pour des études au cas par cas, et notamment celui des mineurs isolés. L'objectif imposé est simple : agir très vite.
Soutien des pays européens, sans l'Italie
Selon le ministère de l'Intérieur, tous les passagers seront placés dans une "zone d'attente" soit une zone internationale qui permet de procéder aux contrôles d'identité sans autoriser l'entrée sur le territoire français.
"Avant même l'arrivée du bateau, la France peut compter sur un soutien inédit de ses partenaires européens dont l'Allemagne, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie, la Lituanie, Malte, le Portugal, le Luxembourg et l'Irlande. Ils reprendront ensemble plus des deux tiers des personnes à bord. C'est cela la solidarité européenne dont les Italiens n'ont pas voulu. Ceux qui reçoivent pas l'asile seront éloignés directement depuis la zone d'attente vers leurs pays d'origine", a-t-on appris.