grenoble 1:32
  • Copié
Noémie Loiselle / Crédits photo : MAXIME GRUSS / AFP
Au moins sept fusillades sur fond de trafic de drogue ont eu lieu en moins d'un mois en août : plusieurs quartiers de Grenoble et même son centre-ville sont concernés, au point que le procureur de la République n'hésite plus à parler d'une "guerre des gangs intense".
REPORTAGE

À Grenoble, la multiplication des fusillades sur fond de trafic de drogue exaspère les habitants et inquiète les autorités. Pour cause, sept fusillades en moins d'un mois ont eu lieu en août. Plusieurs quartiers sont concernés jusqu'au centre-ville qui n'est lui-même plus à l'abri. L'opération "place nette" contre la drogue tarde à produire des effets visibles, comme l'indiquent les Grenoblois rencontrés par Europe 1.

"À tout moment, on peut se prendre une balle"

Sur la place Saint-Bruno, à quelques pas des guetteurs, cette mère de famille qui préfère rester anonyme par peur de représailles, craint une nouvelle fusillade. Installée dans le quartier depuis seulement huit mois, elle veut déjà déménager. "On a très peur de sortir. Surtout, on a très peur pour nos enfants. À tout moment, on peut se prendre une balle. On reste quand même sur nos gardes", confie-t-elle.

Un quotidien devenu angoissant aussi pour cette commerçante qui garde toujours sa bombe lacrymogène. Il y a quelques mois, elle a assisté à un règlement de comptes. "Devant tout le monde, j'ai vu des individus arriver en trottinette, ils étaient cagoulés, ils l'ont mis à terre, ils l'ont massacré sous mes yeux", se souvient-elle.

Une présence policière insuffisante

Pour lutter contre le trafic de drogue, la CAF de l'Isère, en lien avec le parquet de Grenoble, supprime ou réduit les allocations familiales aux dealers condamnés, depuis 2020. Une mesure nécessaire jugée insuffisante. "Il y a des gens qui ne sont absolument pas concernés par ce dispositif parce qu'ils sont hors circuit", lance la mère de famille.

Depuis plusieurs semaines, la présence policière est renforcée, mais le trafic continue, explique un locataire. "Ils communiquent en criant pour s'avertir de la venue de la police. Dans les minutes qui suivent leur départ, la vie reprend", affirme Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police nationale de l'Isère. Selon lui, il manque au minimum 115 policiers à Grenoble pour être présents dans tous les quartiers sensibles.