Au fond du bus scolaire, la vitre est cassée, sans doute à cause de lancers de cailloux selon le chauffeur. C'est le vestige d'une embuscade sur une route nationale de Mayotte entre des jeunes de 16 à 17 ans, explique-t-il au micro d'Europe 1, alors qu'il transporte 55 élèves deux fois par jour. "On a vraiment peur parce que tout le temps, tous les jours, c'est cassé", souffle ce chauffeur de car scolaire. "Les voyous sont vraiment méchants, on n'a aucun moyen pour leur échapper."
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Ce Mahorais est un témoin privilégié bien malgré lui des bus caillassés à Mayotte, où une opération de lutte contre l'immigration clandestine doit démarrer lundi 24 avril. L'objectif de cette opération baptisée "Wuambushu" ("reprise" en mahorais) est d'expulser 10.000 clandestins sur plusieurs mois, et ramener le calme sur l'île.
Les parents ont "la peur au ventre"
Des élèves sont effectivement attaqués, parfois sans raison, par des bandes de jeunes des bidonvilles de l’île. Ce qui inquiète également les parents. "Il y a une très grande crainte même", enchérit le conducteur. "Chaque matin, quand on voit les enfants prendre le bus, les parents ont la peur au ventre : est-ce que le bus sera caillassé ? C'est toujours ça quotidiennement", souligne-t-il, expliquant que les chauffeurs "sont obligés de mettre les enfants dans le bus. On écoute toujours ce qui se passe".
Même si les gendarmes sécurisent les départs et les arrivées, ces scènes se reproduisent chaque jour. Depuis le début de l’année, une cinquantaine de caillassages de bus ont été recensés sur l’île.