Pas question de laisser les Brigades du Tigre disparaître. Plus que jamais, la police judiciaire, créée par Georges Clémenceau, se mobilise. Lundi, des rassemblements dans une quarantaine de villes de France auront lieu, à la mi-journée. Devant des Hôtels de police, des préfectures, des Palais de justice, les fonctionnaires vont dire non à la réforme que veut faire passer Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur entend "départementaliser" la police, ce qui suscite la colère et l’inquiétude des enquêteurs de "PJ" qui, précisément, ont la particularité de mener des investigations au long cours, complexes. Depuis le début du 20e siècle, ils ont accumulé les succès dans des affaires retentissantes.
Une capacité de projection "qui n'existe qu'en PJ"
Cette réforme est incompréhensible pour ces policiers, pourquoi casser un outil qui marche ? Ils ont également reçu le soutien de nombreux magistrats tout aussi inquiets qu’eux. Policier en police judiciaire depuis une vingtaine d’années, Julien est le vice-président de l’Association nationale de police judiciaire à l’origine de cette mobilisation. Au micro d'Europe 1, il explique pourquoi il a fait appel aux rassemblements. "Pour ce qui nous concerne, la police judiciaire, qui travaillons la plupart du temps au niveau inter-régional à minima, voire national et international, on va nous demander de restreindre notre niveau de travail au département."
Une aberration pour le policier. "Clairement, les voyous sur lesquels on travaille, les frontières du département ils s'en fichent complètement." Julien prend l'exemple des trafics de drogue pour appuyer ses propos. "Quand on travaille sur les stupéfiants, on part du petit revendeur et on remonte jusqu'aux principaux commanditaires. Le fait de travailler de cette façon fait qu'on ne déplace pas le problème", assure-t-il. "On va pouvoir attaquer la racine, enlever le réseau complet, et le problème sera résolu sur le long terme."
>> À ÉCOUTER - Réforme de la PJ : quels enjeux ?
Pour lui, "les sûretés départementales qui ne fonctionnent pas du tout de la même façon que nous, n'aurons pas la possibilité de s'attaquer à ces gros réseaux, ces gros trafics." Au-delà des trafic, Julien pointe aussi "tous les cambriolages d'envergures, les affaires qui sont complexes et sur lesquelles il faut du temps d'investigation." Pour le vice-président pas de doute, "on est en train de casser les Brigades du Tigre", car au niveau territorial, "cette capacité de projection n'existe qu'en PJ".