Tensions migratoires, délinquance, coupure d'eau... Le quotidien des Mahorais n'est pas loin de devenir invivable. Face à cette situation, certains ont fait le choix de quitter l'archipel. Il n'existe pas de chiffres précis sur les départs mais une indication révélatrice : le nombre de postes à pourvoir dans la fonction publique augmente.
"J'ai un suivi psychologique"
Léon, fonctionnaire de 63 ans, pensait vivre une fin de carrière paisible sous les cocotiers. Il a vite déchanté en arrivant sur l'île en pleine opération Wuambushu. Une opération policière en cours à Mayotte depuis le 24 avril 2023, visant à expulser les étrangers en situation irrégulière, à détruire les bidonvilles et à lutter contre la criminalité dans l'archipel. "On ne peut plus vivre, on ne peut plus aller sur plage. Quand on est en forêt, on croise des clandestins qui se baladent avec des machettes. J'ai des collègues qui ont un doigt de pied coupé pour un téléphone".
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La situation sur l'île impacte la santé mentale de ce fonctionnaire : "J'ai un suivi psychologique depuis un mois à cause de ce qu'on vit à Mayotte. Là, je sature", raconte-t-il.
Des coupures d'eau régulières
Ici, le ras-le-bol est quasi général depuis dix ans. Environ 1.000 postes de fonctionnaires seraient à pourvoir sur l'île malgré les 43 % d'indexation sur salaire. Les difficultés sont similaires dans le secteur privé. À tel point que Julie, recruteuse, ne veut plus embaucher de métropolitains.
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"J'enchaîne crise sur crise et personne ne veut venir à Mayotte. On veut des gens qui s'installent durablement et du coup aujourd'hui c'est pas les métropolitains qui viennent pour s'installer", détaille-t-elle pour Europe 1. Ce manque d'attractivité ne devrait pas s'arranger ici. À l'actuelle crise sociale s'ajoute aussi les coupures d'eau. Elles ont lieu deux jours sur trois depuis six mois.