Notre-Dame-des-Landes, loi travail, réforme des retraites, marches pour Steeve, "gilets jaunes" et maintenant sécurité globale... À Nantes, les samedis se suivent et ont tendance à se ressembler. Un peu trop même : gaz lacrymogènes, projectiles, détonations, affrontements... Les manifestations s'enchaînent depuis des années avec, souvent, de violents dérapages occasionnant des dégâts qui font fuir les passants. Dernière manifestation en date samedi où entre 3.500 et 7.000 manifestants ont défilé. Un événement émaillé de plusieurs incidents qui ont conduit à l'interpellation de 16 personnes, tandis que trois CRS ont été blessés. Une catastrophe pour les commerçants qui, en ce mois de décembre plus que d'habitude, ont largement besoin de travailler pour rattraper une année très compliquée.
"On est au milieu des affrontements, on compte les points"
Alors que sa vitrine porte encore les stigmates d'une précédente manifestation, une nouvelle a déjà commencé. Samuel, un commerçant du centre-ville, ne prend même plus la peine de la changer. "On est au milieu des affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants, on compte les points." Quand vient le samedi, il l'avoue : "On ne travaille pas en toute sérénité."
Et ils ne sont pas les seuls à être méfiants. La violence des manifestations a même modifié le comportement des consommateurs. "Les gens viennent plus tôt le matin pour faire leurs achats. Ils restent jusqu'en début d'après-midi et après ils rentrent", indique au micro d'Europe 1 Laetitia, une autre commerçante.
Sanctuariser le centre-ville ?
Pour tenter de redresser la barre et de sauver une année déjà rendue très compliquée par le Covid-19, l'association Plein Centre, qui représente les commerçants, envisage d'établir un périmètre sanctuarisé pour dévier les cortèges. Une solution qui permettrait de tranquilliser les consommateurs, en leur assurant qu'ils ne seront pas pris entre les tirs croisés de lacrymogènes et de projectiles en tous genres.
Mais empêcher le cortège de passer en centre-ville est impossible pour Michel Le Roc'h, secrétaire général de Force ouvrière en Loire-Atlantique. "Nous ne l'accepterions pas ! Ce serait une remise en cause de nos libertés démocratiques." Pour le syndicaliste, battre le pavé dans le centre-ville de Nantes est tout autant indispensable que d'avoir le droit de manifester. "Il y a une tradition à Nantes, comme dans toutes les grandes villes, c'est de manifester dans les centres-villes. Donc nous continuerons !"