«On ne voit jamais personne dedans» : snacks, épiceries... Ces boutiques utilisées pour blanchir l'argent des narcotrafiquants
Bruno Retailleau souhaite pousser la lutte contre le narcotrafic en visant plus efficacement les établissements blanchissant de l'argent du trafic de drogue. À Marseille, ces commerces, souvent vides, se multiplient dans certains arrondissements. Les syndicats appellent à mieux lutter contre le blanchiment pour affaiblir durablement les dealers.
La somme est conséquente : selon l'Observatoire français des drogues, le trafic de drogue rapporterait chaque année près de 3 milliards d'euros aux narcotrafiquants. Des gains astronomiques, en partie dépensés en cash, mais aussi blanchis. Et pour y arriver, les réseaux rachètent souvent des commerces de proximité type coiffeur, snack ou épicerie.
Des établissements qui se retrouvent désormais dans le viseur du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui, grâce à son nouveau dispositif "villes de sécurité renforcées" dévoilé vendredi, veut multiplier les contrôles fiscaux pour débusquer les dealers qui se cachent derrière ces commerces de plus en plus nombreux.
Des commerces souvent vides
À Marseille, ces commerces pullulent. Dans le 13e arrondissement de la cité phocéenne, le long de l'avenue de Saint-Just, des dizaines de devantures colorées, flambant neuves et dans un rayon d'à peine 100 mètres, sont apparues. Michel Cordier, le président du comité de quartier, a fait le calcul : "Il y en a au moins 12 snacks", souligne-t-il au micro d'Europe 1.
Ces boutiques, mais aussi les salons de coiffure et autres épiceries de nuit, changent régulièrement de propriétaire et ne semblent pas faire beaucoup de chiffre d'affaires. "Dans certains commerces, on ne voit jamais personne dedans... Ça interpelle", insiste le Marseillais.
Une manière d'affaiblir les trafiquants
Mettre le nez dans la comptabilité de ces commerces, c'est s'attaquer au nerf de la guerre, selon Bruno Bartocetti, du syndicat de police Unité pour la zone Sud. "La prison ne fait pas peur à ces narcotrafiquants, on le voit bien. Dès qu'on saisit leurs biens, dès qu'on touche leur portefeuille, là, nous arrivons à les affaiblir. C'est pour cette raison qu'il faut se donner beaucoup plus de moyens, tant sur un plan judiciaire qu'administratif, pour pouvoir traquer ces commerces qui sont dans le blanchiment d'argent sale", insiste-t-il.
Mais avec les lenteurs administratives, cela peut parfois prendre des mois avant de réussir à faire fermer ces commerces de façade, regrette le policier.