Partout en France, crèches, écoles, collèges et lycées seront fermés à partir de vendredi soir pendant au moins trois semaines pour tenter de porter un coup de frein à la nouvelle poussée de Covid-19 sur le territoire. Mesures phares de l'allocution d'Emmanuel Macron mercredi soir, ces fermetures ont de quoi donner des sueurs froides à de nombreux parents, qui pour beaucoup conservent un très mauvais souvenir du premier confinement, lorsque l'école se faisait à la maison. Europe 1 est allé recueillir les réactions de plusieurs familles à travers l'Hexagone, pour leur demander comment elles comptaient s'organiser pour traverser cette période.
Ces annonces sont ainsi un véritable coup dur pour Anne-Laure et Morgan, parents lillois de deux enfants. "Ça va être compliqué parce qu'on a deux jours pour se retourner et trouver des solutions. On l'a déjà vécu l'année dernière. On ne voulait pas le revivre et on pensait pouvoir y échapper. On avait toujours cet espoir, là il s'est envolé", confie le père, dépité. Le télétravail ne semble pas envisageable pour cette petite famille. "Il est clair que je ne peux pas travailler avec un enfant de 3 ans et un enfant de 7 ans à mes côtés, à moins de les mettre devant la télé toute la journée, mais ça n'est pas du tout ce que je veux", explique Anne-Laure.
Les grands-parents à la rescousse
Faire garder les enfants par les grands-parents, qui habitent à côté, est l'une des solutions envisagées par ce couple. Ou bien, ce sera direction la Sarthe ce week-end, chez les autres grands-parents. Une option plus prudente, car eux se sont fait vacciner.
Alice, qui habite en Occitanie, devrait également se tourner vers les grands-parents pour gérer ses enfants pendant ces semaines difficiles qui s'annoncent. "On va s'organiser pour avoir du temps, également pour les enfants des copains si besoin. Et puis, s'il faut faire appel aux grands-parents, on fera appel aux grands-parents, c'est sûrement ce qui va se passer", indique-t-elle.
Un risque de traumatisme chez les plus jeunes
"On a gardé des mauvais souvenirs du premier confinement, surtout le petit qui avait 5 ans et qui s'est ennuyé pendant deux mois, a souffert d'isolement, de solitude", poursuit Alice auprès d'Europe 1. Elle se dit déterminée à tout faire pour éviter de revivre la même situation, notamment en profitant de l'absence d'attestation pour circuler dans un rayon de dix kilomètres autour du domicile. "C'est clair qu'on ne vivra pas la même chose. Même si on est à la maison, on a des copains qui ne sont pas très loin...", avoue-t-elle.
Nadia, une mère marseillaise, assure que sa fille de 7 ans reste encore traumatisée par l'épisode du printemps dernier. Pour elle, la fermeture des classes risque encore d'aggraver les choses. "C'est une catastrophe de fermer les écoles, c'est un lieu de socialisation, d'apprentissage. Ma fille l'a très mal vécu l'année dernière, ça a été des crises, des angoisses", raconte-t-elle. "J'ai une petite fille qui a peur aujourd'hui, qui fait des cauchemars la nuit, qui se mange les doigts, qui a toujours peur de ne pas revoir ses copains, qui a peur de ne pas réussir. Elle me parle de son avenir à 7 ans et demi, alors que ce sont des angoisses qui arrivent normalement à l'adolescence", se désole cette mère.
"L'école à la maison c'est une épreuve pour tout le monde"
Également traumatisée par le premier confinement, Valérie vit seule à Strasbourg avec une adolescente de 13 ans, Léna, qui ne sera pas de retour au collège avant le 3 mai selon les annonces faites mercredi. "Psychologiquement, pour les enfants et pour les parents. C'est très rude. L'école à la maison c'est une épreuve pour tout le monde. L'année dernière, le mois de mars a été cauchemardesque", rapporte-t-elle. "On se disait que 2021 allait être différent", relève sa fille. "C'était une épreuve et j'ai pas envie de revivre ça."
Marion, qui vit également dans le Bas-Rhin, a trois enfants, de la maternelle au collège. "Ce sont les souvenirs du printemps dernier qui reviennent et qui sont absolument détestables. Télétravailler, m'occuper de mes enfants, leur faire à manger... On n'y arrive pas."
Positif au Covid-19, après avoir été contaminé il y a quelques jours seulement par l'un de ses enfants, Julien, un autre Strasbourgeois, ne peut quant à lui qu'approuver les nouvelles mesures. "On est tous usé par la situation. Alors effectivement, si on doit mettre un dernier coup d'épaule [sic], c'est peut être maintenant !", lâche-t-il.