Manque de personnel, repas rationnés, couches non changées... Cinq mois après la publication d'un rapport de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, un livre-enquête dépeint un tableau peu reluisant des crèches privées, comparées à des "usines" à bébés. Publié aux éditions du Seuil, Le prix du berceau, sortira dans les librairies ce vendredi. Des établissements qui seraient à la recherche de rentabilité au détriment du bien-être des jeunes enfants dont ils ont pourtant la responsabilité. Europe 1 a recueilli le témoignage de Jennifer, jeune maman, qui a placé sa fille dans une crèche privée de Seine-Saint-Denis il y a deux ans. En un mois et demi, son expérience a viré au cauchemar.
"Un enfant n'a pas été changé de la journée"
"Au niveau des repas, j'ai su quelque temps après, que les enfants prenaient le repas de midi à 11h45 et le goûter à 14h30. On récupérait les enfants affamés. Dès 18 heures, je comprenais qu'elle avait faim donc je proposais deux compotes, elle les mangeait d'affilée et elle réclamait à manger donc je savais qu'elle avait faim", explique Jennifer.
Jennifer se souvient de cette fois où "un enfant n'a pas été changé de la journée". "Le parent l'a déposé le matin avec une certaine marque de couches et l'a récupéré le soir avec la même couche", affirme-t-elle.
"Sa narine avait saigné"
Et puis vient cette fois de trop. Ce soir où Jennifer a récupéré sa fille "complètement amorphe". "Sa narine avait saigné. Avec mon conjoint, on est parti aux urgences. Et le pire, c'est que personne n'a su nous expliquer ce qui s'était passé. On nous a juste dit 'oh, vous savez, les enfants font des colères, des fois, ils s'emportent'. À l'hôpital, on m'a dit de retirer tout de suite ma fille de cette crèche" par peur qu'elle soit tombée par terre, témoigne-t-elle au micro d'Europe 1. Un élément déclencheur qui a poussé cette maman à retirer sa fille de la crèche pourtant conseillée par sa mairie.
En juillet, la ministre des Solidarités Aurore Bergé s'est dite favorable à un renforcement des contrôles et des systèmes d'alerte dans les crèches, "comme ça a été fait après le scandale Orpea" révélé par le journaliste Victor Castanet dans Les Fossoyeurs, sans donner plus de détails.