Un an après l'opération Wuambushu, le gouvernement lance une nouvelle opération de grande envergure à Mayotte. Avec "Mayotte place nette", l'objectif de l'État est clair : arrêter 60 chefs de bandes et détruire 1.300 bangas, ces cases qui constituent les bidonvilles. 1.700 policiers et gendarmes sont mobilisés pendant trois mois pour lutter contre l'immigration illégale et l'insécurité qui gangrènent l'île.
Mais, du côté des Mahorais (c'est le nom des habitants de l'île), un sentiment de doute flotte dans l'air. Il faut dire qu'il y a presqu'un an jour pour jour, Bruno voyait arriver des centaines de policiers sur son île. "Quelle a été la différence ? Il y a eu des caillassages de partout, des pillages, des vols, des cambriolages", s'agace-t-il au micro d'Europe 1.
Un dispositif sécuritaire inadapté
Pour les habitants de l'île, Wuambushu a été un échec. "Je reste dubitatif sur le fait que Wuambushu 2 fonctionne", poursuit-il. "Ceux qui ont l'habitude d'être des délinquants n'ont qu'à patienter. Toutes les forces de l'ordre, toute cette sécurité, dans deux mois, ne sera plus présente dans l'île. Mais il faut qu'elle soit présente constamment", assure-t-il.
Pour Bruno, le dispositif sécuritaire est largement inadapté, en particulier avec la destruction de près de 1.300 bangas, ces cases en tôle illégalement construite sur l'île. Ce chiffre est deux fois plus important que par le passé mais va poser de nouveaux problèmes, alerte Saïd, membre du collectif citoyen des Forces Vives de Mayotte.
Vers de nouveaux blocages ?
"Les jeunes ni régularisables ni expulsables, une fois qu'ils ont été décasés d'un point X, ils vont dans un quartier Y et ils tournent en rond. Donc, il faut faire une prévention sur le terrain pour qu'il n'y ait pas d'autres bangas", alerte-t-il.
Et les collectifs n'excluent plus de bloquer à nouveau l'île à coups de barrages, si les promesses de la métropole ne sont tenues.