Une procédure de signalement a été engagée par l'instance anti-racisme du gouvernement à l'encontre du groupuscule d'extrême droite Génération identitaire, qui avait commencé à lever des fonds pour entraver les sauvetages de migrants en mer, a-t-on appris mercredi.
Signalement. La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) "engage ce jour une procédure de signalement au procureur de la République de Paris au titre de l'article 40 du code de procédure pénale concernant l'opération 'Defend Europe' menée par l'association Génération identitaire", a indiqué la Dicrah dans un communiqué. "Il y a eu des signalements, nous avons identifié cette page internet d'association d'extrême droite", a expliqué Frédéric Potier, le délégué interministériel, en martelant la volonté de "lutter sans relâche contre les actes de haine" et "débusquer, traquer tous les discours de haine sur internet".
70.000 euros récoltés. Sous le slogan "Arrêtons l'invasion et les morts en mer", l'opération "Defend Europe", lancée notamment par Génération identitaire, visait à lever des fonds pour "protéger nos pays de l'immigration illégale et si besoin tenir tête en mer aux bateaux des ONG". "Defend Europe" avait commencé à collecter les dons via le service de paiement en ligne PayPal mais était passé à un système de virements bancaires mercredi. "PayPal a bloqué notre compte", affirmait un message sur la page du site. Les organisateurs avaient recueilli "70.000 euros" avec leur collecte, affirme-t-on au Baam (Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants), qui a activement contribué à la suspension du compte en postant une lettre-type à envoyer à PayPal, "vue par 200.000 personnes".
Les raccompagner "jusqu'aux côtes africaines". "Defend Europe" ambitionnait de "rassembler une équipe de professionnels, affréter un grand bateau et naviguer sur la mer Méditerranée pour contrecarrer les bateaux de ces contrebandiers humains". "Si nous rencontrions des clandestins en détresse, nous leur viendrions bien évidemment en aide en les raccompagnant jusqu'aux côtes africaines", prenait-il soin de préciser.
Une telle démarche relève de la "provocation à la discrimination à l'égard de personnes ou d'un groupe à raison de leur origine", passible d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende, et d'autre part "d'association de malfaiteurs en vue de commettre le délit d'entrave aux mesures d'assistance et de secours", qui peut valoir à son auteur "dix ans emprisonnement et 150.000 euros d'amende", a-t-on précisé à la Dilcrah.