Le gouvernement a annoncé mardi qu'il présenterait d'ici la fin du mois des propositions pour prévenir les maltraitances en Ehpad, et qu'il lançait une "vaste opération de contrôle" au sein du groupe Orpea, accusé de graves dysfonctionnements, et dont le PDG doit être auditionné mercredi par les députés.
Lors d'un entretien mardi matin avec les deux principaux dirigeants d'Orpea, qu'elle avait convoqués, la ministre déléguée chargée de l'autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, a "exprimé sa colère" et "l'indignation du gouvernement quant aux pratiques et dysfonctionnements graves et intolérables" dénoncés dans le livre-enquête Les fossoyeurs, a-t-elle précisé dans un communiqué.
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Le gouvernement va présenter des propositions d'ici fin février
Le journaliste Victor Castanet y décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" par souci de rentabilité. Le gouvernement présentera d'ici fin février des propositions pour mieux "prévenir à l'avenir des situations comparables", et va pour ce faire "consulter dans les prochains jours les représentants des familles, les élus départementaux, les acteurs du secteur et les partenaires sociaux", a encore indiqué la ministre.
"Au regard de la gravité des faits incriminés, et sans préjudice des actions d'ores et déjà engagées devant la justice", le gouvernement a décidé de lancer une "double enquête" confiée aux Inspections générales des affaires sociales (IGAS) et des finances (IGF), ainsi que des "contrôles inopinés" diligentés par les services de l'État dans les établissements d'Orpea.
"Il faut taper fort pour montrer qu'on ne fait pas n'importe quoi" dans les Ehpad
"Il faut taper fort pour montrer qu'on ne fait pas n'importe quoi" dans ce secteur, "une activité lucrative mais qui ne doit pas l'être au détriment de la bientraitance", a commenté Mme Bourguignon sur France Inter. "S'il s'avère que c'était un système complet, il faudra" que les dirigeants du groupe "en répondent, devant la justice", a-t-elle encore commenté dans la matinée, devant les députés de la majorité.
Loin de la "colère" revendiquée par la ministre, le nouveau PDG d'Orpea, Philippe Charrier, a affirmé de son côté aux journalistes que lui et le directeur général d'Orpea pour la France, Jean-Christophe Romersi, avaient été "écoutés avec empathie" par Brigitte Bourguignon. "Nous sommes très heureux d'avoir ces inspections et ces contrôles", a réagi le dirigeant, rappelant son engagement à faire "toute la lumière" sur les accusations portées contre son entreprise.
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Le patron d'Orpea dément des contenus du livre
"Nous n'acceptons pas qu'une société comme la nôtre, qui essaye de faire le meilleur au quotidien pour les résidents et les collaborateurs, soit accusée de cette manière sans avoir été jugée au préalable", a poursuivi le patron du groupe, affirmant qu'Orpea était "une société humaniste". Il a dit détenir "la preuve formelle, documentaire" que plusieurs accusations contenues dans le livre "sont infondées".
Orpea a annoncé dans un communiqué à la mi-journée que son conseil d'administration avait mandaté les cabinets Grant Thornton et Alvarez & Marsal pour "évaluer en toute indépendance les allégations publiées" dans le livre. Leurs conclusions "seront tenues à disposition des autorités compétentes et feront l'objet d'une communication".
Une commission d'enquête à l'Assemblée nationale "si nécessaire"
Philippe Charrier doit être auditionné mercredi devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. Le chef de file des députés LREM Christophe Castaner n'a pas exclu la formation d'une "commission d'enquête si nécessaire", selon des sources parlementaires. Le groupe privé avait tenté d'allumer un premier contre-feu en limogeant dimanche son directeur général depuis plus de dix ans, Yves Le Masne. "C'est un gros fusible, mais (...) ça ne cache pas tout le reste du compteur, on va essayer de creuser tout cela", a commenté la ministre.
Le départ du directeur général "ne présage en rien que les accusations sont fondées", selon une source proche du groupe. L'entreprise a d'ailleurs publié mardi un communiqué d'une pleine page dans Le Parisien, pour affirmer que des "manquements" pouvaient certes exister, mais que les familles pouvaient être rassurées, car "partout, toujours, dès que nous avons connaissance d'un dysfonctionnement, nous prenons toutes les dispositions pour y remédier".
Sur le plan judiciaire, Orpea est sous la menace d'une "action collective conjointe" lancée par des familles de résidents en colère. En portant plainte simultanément, ces familles "entendent faire nombre, avoir du poids face à un géant", a expliqué lundi leur avocate, Me Sarah Saldmann, qui veut lancer cette procédure d'ici quelques semaines pour, selon les dossiers, "homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d'autrui, violence par négligence" ou "non-assistance à personne en danger".