Plus de 800 personnes vivent à nouveau dans la rue aux alentours du centre humanitaire pour migrants créé dans le Nord de Paris, trois semaines après l'évacuation de près de 3.000 personnes au même endroit, selon l'association France Terre d'Asile.
"Plus personne dans les rues". Jeudi matin, lors d'une cérémonie de naturalisation à la préfecture d'Orléans, le président Emmanuel Macron déclaré que "d'ici la fin de l'année, (il ne voulait) plus personne dans les rues, dans les bois". "Je veux partout des hébergements d'urgence, je ne veux plus de femmes et hommes dans les rues", a-t-il ajouté.
Plus de 800 personnes à La Chapelle. "Nous avons compté plus de 800 personnes et on estime entre 30 et 50 par jour le nombre de nouvelles arrivées", a déclaré Pierre Henri, directeur général de France Terre d'Asile officiellement mandatée pour mener des maraudes, selon un décompte réalisé mercredi matin.
Quelques jours à peine après l'évacuation de 2.800 personnes le 7 juillet vers des structures d'accueil en Ile-de-France, notamment des gymnases, le campement aux conditions sanitaires dégradées avait commencé à se reconstituer avec notamment des Afghans et des Soudanais.
Une nouvelle évacuation en perspective. "On se dirige vers une nouvelle évacuation", a estimé Pierre Henri, pour qui "il n'y a pas le choix". "Plus on attend et plus c'est nécessaire. Et plus on évacue, plus l'incompréhension grandit dans l'opinion publique à qui l'on donne le sentiment d'une grande impuissance. On tourne en rond", a-t-il regretté. L'évacuation du campement porte de La Chapelle en juillet était la plus importante organisée depuis le démantèlement du gigantesque bidonville de la place Stalingrad à Paris, le 4 novembre (4.000 personnes prises en charge).
Paris continue de "faire entonnoir". L'ouverture en novembre du centre humanitaire parisien, d'une capacité de 400 places, devait empêcher la reconstitution de ce genre de campement en offrant une alternative à la rue. Mais le dispositif, unique en France, peine à absorber les nouveaux arrivants au rythme actuel.
"Le centre ne peut pas tout absorber", a expliqué Pierre Henri, rappelant que "42% de la demande d'asile se concentre sur Paris et la région parisienne". Selon lui, "tant qu'il n'y aura pas de centre de transit dans les grandes capitales régionales, Paris continuera à faire entonnoir".
Un accueil difficile des migrants. Lors d'une visite au centre humanitaire vendredi dernier, le Défenseur des droits Jacques Toubon a également appelé le gouvernement à ouvrir de nouveaux centres d'accueil pour migrants, notamment à Calais.
Le gouvernement a présenté mi-juillet un "plan migrants" prévoyant notamment plus de 12.000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés d'ici 2019, mais le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est opposé à toute nouvelle ouverture de centres pour migrants.