Les paris sportifs attirent de plus en plus de jeunes joueurs. 1:30
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Louise Sallé et Delphine Schiltz
Les paris sportifs attirent de plus en plus de jeunes joueurs, malgré le fait que cette pratique soit interdite aux mineurs. À un mois de la Coupe du monde de football, le risque d’addiction est important et les parents sont peu sensibilisés à ce sujet, alors même que certains encouragent, parfois, leurs enfants à jouer.

Malgré des risques d’addictions conséquents et malgré le fait que cette pratique soit interdite aux mineurs, les paris sportifs attirent de plus en plus de jeunes joueurs. Selon la Société d'entraide et d'action psychologique (Sedap), un tiers des 15-17 ans jouaient à des jeux d’argent en 2021. Un phénomène mesuré pendant l'Euro de football qui pourrait bien revenir en force, à un mois de la Coupe du monde.

Des premiers paris sportifs en famille

Les parents jouent un rôle central dans la prévention du risque d’addiction, mais peu connaissent les bons réflexes à adopter, et les comportements à éviter. Les jeunes s’initient d’ailleurs aux jeux d’argent en famille, à l’instar du premier verre de vin. Lorsqu’Adrien, 17 ans, a parié pour la première fois sur un match, c’était avec son père. "J'en ai d’abord parlé avec mes parents qui m'ont donné leur accord", raconte-t-il.

"Mon père m'a dit qu'il souhaitait encadrer cette pratique. Donc il m'a expliqué comment ça marchait, et on l'a fait une fois ensemble", poursuit-il. "Après ça, j’ai rejoué soit tout seul, soit avec des amis."

Des conséquences importantes sur un cerveau encore jeune

Paul*, 15 ans, se souvient lui aussi de son premier pari sportif en famille, avec son frère. "Il m'avait encouragé à le faire", rapporte-t-il. "Du coup, je lui ai donné 10 euros pour qu’il aille au tabac à ma place", explique le lycéen. D’après Emmanuel Benoît, directeur de la SEDAP et spécialiste des addictions aux jeux, ces comportements incitatifs de la part des proches marquent psychologiquement les adolescents.

"Les parents ne soupçonnent pas que si l'enfant venait à gagner son pari, l'émotion provoquée pourrait être quelque chose qui le gênerait tout au long de sa vie !", étaye-t-il. "Son cerveau n'est pas tout à fait mature". "J'ai en tête un jeune qui a aujourd'hui 28 ans", reprend Emmanuel Benoît. "Il a commencé alors qu’il était mineur et a fini par cumuler plus de 30.000 euros de dettes après sa majorité", détaille-t-il.

Outre les paris sur les matches, le directeur de la SEDAP remarque également, parmi les ados qu’il reçoit au sein de son association, un engouement de plus en plus fort pour les paris de e-sport.

* Le prénom a été modifié.