Depuis le 19 mai, les terrasses des bars et restaurants et les lieux culturels ont rouverts en France. Mais vous, ou certaines personnes de votre entourage, n'avez peut-être pas envie de sortir de chez vous. Après de longs mois de restrictions strictes et pesantes, retrouver la vie d'avant n'est pas une chose facile pour tout un chacun. Invité vendredi dans Sans rendez-vous sur Europe 1, Michel Lejoyeux, chef du service psychiatrie et addictologie à l'hôpital parisien Bichat, observe qu'il y a "deux types de personnes" face au déconfinement.
Le syndrome du "à quoi bon tout ça ?"
Tout d'abord, il y a bien sûr "ceux qui débordaient d’envie et de désir à chaque fois qu’ils passaient devant un terrasse et qui n’en pouvaient plus", constate-t-il. "Mais mon métier de psychiatre me fait aussi penser à celles et ceux qui ont cassé leur machine à désirer, qui ont fait une maladie dépressive accompagnée d'une perte d’envie, d'une forme de culpabilité ou d'un syndrome du 'à quoi bon tout ça ?'" ajoute-t-il aussitôt.
Pour le spécialiste, trois signes peuvent permettre d'identifier si l'on se trouve dans cette dernière catégorie et si notre cas nécessite de "demander un avis médical". Quels sont ces signes ? "La perte d'envie, la culpabilité et le ralentissement", précise Michel Lejoyeux. "Tant qu’on a envie et du désir" de faire des choses, il n'y a pas nécessairement de raison de s'inquiéter, indique dans un premier temps le psychiatre.
Guetter "la perte de l'estime de soi"
"Tant que vous râlez c’est bon" aussi, sourit-il. "On voit beaucoup de gens en colère et qui reprochent des tas de choses" dans le contexte sanitaire, constate Michel Lejoyeux, pour qui c'est plutôt un bon signe sur la santé mentale de ces personnes. En revanche, il recommande de guetter "la perte de l'estime de soi". Il s'agit par exemple du "jour où vous râlez contre vous, où vous vous faites des reproches à vous-même ou encore où vous vous dites que vous ne méritez même pas cette terrasse", illustre le spécialiste.
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Troisième critère à surveiller : le ralentissement. "C'est quand on se met à penser doucement, à prendre plus de temps pour se lever, pour s’habiller..." Dans ce cas-là, Michel Lejoyeux conseille vivement de consulter.