Y a-t-il eu des ratés dans l'enquête sur les meurtres commis par Xavier Dupont de Ligonnès, début avril 2011, et sur sa fuite ? S'il est difficile de répondre définitivement à cette question, Romain Puertolas, ancien capitaine de police et auteur du livre Comment j'ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès, apporte des éléments de réponse dans l'émission Pascal Praud et vous. Interrogé en direct par Coralie, une auditrice d'Europe 1, il revient sur le cas de Michel Rétif, un ami proche de celui qui a tué sa femme et ses quatre enfants il y a bientôt 13 ans.
"Au niveau de l'information judiciaire, il y a des choses qui m'ont étonné, comme cette histoire de Michel Rétif. On a des indices graves et concordants qui laissent à penser qu'il a pu l'assister dans sa fuite, à cause de cette conversation téléphonique du 6 avril" 2011, au lendemain du dernier meurtre, relate Romain Puertolas sur Europe 1.
Un ami proche entendu comme simple témoin
Cet ami proche, qui a alors côtoyé le meurtrier pendant trois jours, a pourtant été entendu comme simple témoin dans cette affaire, ce qui interroge l'ancien policier. "Est-ce une stratégie du juge d'instruction, pour ne pas l'affoler ?", se demande-t-il, estimant que la création ensuite d'un dispositif de surveillance par la BRI de Montpellier a été trop tardive selon lui. "(Les enquêteurs) se disent 'il va peut-être communiquer avec lui, ou (Xavier Dupont de Ligonnès) va peut-être venir... Finalement, il ne se passe rien. Et on en reste là. C'est ça qui m'étonne", assène ce spécialiste de l'affaire.
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Lorsqu'il a été entendu, Michel Rétif a indiqué qu'il ne se souvenait plus de ce dont les deux hommes avaient parlé lors de la conversation téléphonique du 6 avril. "Par coïncidence, c'est la seule personne avec qui (Michel Rétif) parle de la journée. C'est le seul instant où le téléphone de Ligonnès est connecté, pile dans cette fenêtre d'une demi-heure (la durée de la conversation, ndlr)", détaille Romain Puertolas.
Malgré ces éléments concordants, l'ancien capitaine de police ne fait pas de Michel Rétif, décédé en 2020, un "complice" du meurtrier. Rejetant toute théorie d'une hypothétique protection de Xavier Dupont de Ligonnès, il regrette toutefois que la piste de l'ami proche n'ait pas été creusée davantage car il y avait peut-être une "explication" à la clé.