Alors qu'une grande réunion se prépare à Bercy, lundi, pour dessiner un nouveau modèle d'aides aux secteurs les plus touchés par la crise du coronavirus, de nombreux professionnels s'apprêtent à exprimer leurs doléances auprès de Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie. Parmi eux, les représentants des fédérations du commerce. Leur principal grief : l'imposition du passe sanitaire, désormais obligatoire pour entrer dans les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carré. Il faut dire que la plus grande confusion règne autour de l'application de cette mesure.
Des arrêtés préfectoraux suspendus
Première difficulté : savoir quel centre commercial est concerné. Il ne lui suffit pas de dépasser les 20.000 mètres carré, encore faut-il également que l'incidence du département dans lequel il se trouve dépasse les 200 cas positifs pour 100.000 habitants. Or, ce taux d'incidence évolue. En outre, ce sont les préfectures qui tranchent, et certaines ne suivent pas les critères énoncés. Celle des Yvelines, par exemple, a décidé d'imposer le fameux QR code lundi dernier, alors que le taux d'incidence était inférieur à 200.
Deux jour plus tard : plus besoin de passe ! Le tribunal de Versailles a en effet suspendu l'arrêté préfectoral. Une décision motivée non par le taux d'incidence mais afin de laisser libres d'accès des biens de première nécessité, comme les supermarchés ou pharmacies présents dans les centres commerciaux du département.
"Situation extrêmement confuse"
Plus incongru encore, certains centres commerciaux possèdent des centres de vaccination. "Les personnes qui viennent ne peuvent pas présente un passe sanitaire puisque, précisément, elles viennent se faire vacciner", tonne Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux. "On est dans une situation ubuesque !"
Ubuesque et menaçante économiquement pour le secteur, poursuit Gontran Thüring. "On observe, vu la situation extrêmement confuse, une baisse de chiffre d'affaires et de fréquentation qui touche non seulement les centres dans lesquels le contrôle est exigé, mais aussi ceux dans lesquels le passe n’est pas demandé. Parce que les Français n’y comprennent plus rien ! Si les choses doivent demeurer en l’état, on va vers une catastrophe économique pour les centres commerciaux."
D'après les représentants du secteur, 30 à 40% du chiffre d’affaires s'est déjà évaporé pour les centres commerciaux soumis au passe sanitaire. Sans compter le coût de la mise en place des contrôles, qui équivaut à près de 30.000 euros par mois et par porte en raison, notamment, du personnel à recruter.