En confinement depuis trois semaines pour tenter d'endiguer la propagation du Covid-19, les Français qui pratiquent une religion vont devoir célébrer leur foi sans pouvoir se retrouver dans les lieux de cultes ou avec leur famille. Dimanche, le pape célébrait seul dans une basilique Saint-Pierre déserte la messe des Rameaux. Invité d'Europe 1, le grand-rabbin de France Haïm Korsia a appelé les juifs pratiquants à ne pas s'exempter des règles du confinement pour célébrer Pessa'h, fête importante du judaïsme qui rappelle l'Exode des juifs hors d'Égypte.
>> EN DIRECT - Suivez l'évolution de la situation du mardi 7 avril
"Le temps qui est le nôtre est celui du confinement et de la protection"
"La règle du confinement s'impose, et ne doit pas être levée (...) Le risque est toujours présent et je crois qu'à l'orée de ces fêtes, il faut qu'on résiste à la tentation de se regrouper par famille comme la tradition dans le judaïsme le propose", a commencé Haïm Korsia. "Cette tradition, c'est en temps normal".
"Mais le temps qui est le nôtre maintenant est celui du confinement et de la protection", a-t-il poursuivi au micro d'Europe 1, trouvant paradoxal ceux qui avaient la tentation de se regrouper pendant les fêtes. "Parce que ce serait prendre un risque pour les personnes qu'on aime le plus, c'est-à-dire nos familles".
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Pendant combien de temps les porteurs sains sont-ils contagieux ?
> Quels sont les effets secondaires de la chloroquine ?
> Tests frelatés, faux appels aux dons... : attention aux arnaques liées au coronavirus
> Lecture, jeux de société... Comment stimuler son cerveau pendant le confinement ?
> Comment éviter de prendre des kilos pendant le confinement ?
Se protéger par le confinement, "un impératif religieux"
"Je trouve qu'il y a un devoir de se protéger et de protéger les autres, de protéger l'ensemble de la société", a poursuivi Haïm Korsia, affirmant que cet impératif était un "impératif religieux". "Il rencontre aussi les demandes du gouvernement, un impératif républicain, donc il faut impérativement respecter le confinement".
Célébrer Pessa'h en période de confinement est très symbolique, poursuit le grand rabbin de France. "Parce que la sortie de l'Égypte, que rappelle la fête de Pessa'h dans le judaïsme, c'est un enfermement qui annonce la libération. Nous sommes enfermés, nous célébrons Pessa'h, et ça annoncera la prochaine délivrance, la prochaine libération", explique Haïm Korsia, qui conçoit "qu'il est difficile d'imaginer de passer la fête seul".
"Vivre Pessa'h comme jamais aucune génération ne l'a vécue"
"Mais on n’est jamais seul quand on vit les choses en même temps que tous les autres", affirme-t-il. "Il y a cette force du sentiment de partage de ce que nous vivons et cette certitude qu'on vivra réellement cette libération à la fin du confinement". Car, si on s'en tient aux textes religieux, l'utilisation d'appareils électroniques pour passer des appels ou pour célébrer Pessa'h via visioconférence avec sa famille est interdite.
"Il faut avoir la force de chercher en soi cet élan pour vivre la fête de manière pleine et entière. Chacun le fera comme il l'entend, mais je crois qu'il y a quelque chose de fort de le vivre dans cet enfermement (...) J'ai le sentiment que vivre ce moment, c'est le vivre comme jamais aucune génération ne l'a vécu", répond Haïm Korsia.
Le grand-rabbin de France insiste sur le fait qu'il faut continuer à célébrer les fêtes relieuses, malgré le confinement. "Que ce soit nos concitoyens catholiques et protestants pour la Pâque qui approche, ou que ce soit nos concitoyens musulmans avec le Ramadan qui approche, on doit vivre ces fêtes dans la joie", conclut-il. "Parce que la joie ce n'est pas le constat que tout va bien, c'est la volonté d'être heureux".